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des fusils employant la même cartouche ! Il ne semble pas que ce soit là pure utopie.

Mais revenons aux bâtiments de charge.

J’ai qualifié plus haut, déjà, ces bâtiments de « transports rapides. » Il ne peut cependant pas être question de leur donner, même approximativement, la vitesse, je ne dis pas, d’un avion ou hydravion, mais seulement d’un dirigeable du type actuel. Celui-ci fait du 110 kilomètres à l’heure, en moyenne, et l’on ne peut raisonnablement demander à un véhicule marin, à notre époque, que 25 nœuds au maximum, lorsqu’il ne s’agit pas expressément d’un engin de combat, d’un croiseur, par exemple. Or 25 nœuds ou milles marins, cela ne représente que 46 kilomètres.

Le groupe ou les groupes de dirigeables-transports précéderont par conséquent de beaucoup les groupes de bâtiments de charge, de même qu’ils seront précédés par les groupes d’aéroplanes. Et ceci ne veut pas dire qu’il n’y aura pas des dirigeables attachés aux bâtiments de charge ni des aéroplanes attachés aux groupes de dirigeables. Nous verrons au contraire, tout à l’heure, l’intérêt de cette distribution.

Quoi qu’il en soit, l’avantage est certain d’avoir des navires de transport pourvus d’une bonne vitesse, puisque, portant le 3e échelon du corps d’avant-garde dont nous partions plus haut, ils doivent arriver sur nos côtes, — mettons à Brest, — assez tôt pour que les deux premiers échelons ne soient pas longtemps paralysés ou réduits à un rôle de second plan.

La vitesse de 25 nœuds que j’indiquais tout à l’heure per- met de traverser l’Atlantique, de New-York à Brest (2 700 milles marins, environ), en 110 heures ou 4 jours et demi. Le retard sur les dirigeables ne dépassera guère deux jours. Je crois que c’est acceptable.

Il est d’ailleurs bien entendu que nous faisons, ici, abstraction des incidents et accidents. Il y en aura toujours, mais il y en aura partout, donc des deux côtés, et qui se balanceront.

Mais cette vitesse de route de 25 nœuds à l’heure, qu’on ne s’imagine pas qu’elle soit si facile à atteindre. Vitesse de route, viens-je d’écrire, c’est-à-dire vitesse régulière, sans à-coups, sans fatigue trop grande pour les appareils, non plus que pour le personnel mécanicien. Or, pour obtenir à peu près sûrement cette allure pendant plus de quatre jours, il faut que la vitesse