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maxima donnée aux essais soit au moins de 27 à 28 nœuds. Si vous ajoutez à cela que l’approvisionnement de combustible, — solide ou liquide, — doit être considérable et que d’ailleurs il y a un évident intérêt à ce que le même véhicule transporte le plus de monde possible, avec le matériel, les voitures, les animaux correspondants, vous êtes conduit à donner aux transports considérés un tonnage très élevé, un tonnage dépassant celui des deux mastodontes allemands, l’Imperator et le Vaterland, tombés aux mains des États-Unis, justement.

Or, ces bâtiments déplacent déjà 50 000 tonnes et ne filent que 22 nœuds. Admettons donc que l’on sera obligé de pousser jusqu’à 60 000 ou 65 000 tonnes, avec des dimensions qui ne laissent pas d’être gênantes, — pour les ports actuels, — et un tirant d’eau que l’on ne peut guère satisfaire chez nous que dans la rade de Brest, ce qui suffit à justifier la désignation que je faisais tout à l’heure.

Du moins avec seulement quatre de ces géants partant ensemble de leur port américain, pourrait-on transporter assez facilement 45 000 hommes, peut-être 50 000. Et c’est un fort beau résultat.

Mais, puisque nous en sommes à ce point, que peut-on attendre, pratiquement, de la capacité de transport des dirigeables et des avions ? Quelle sera la force, par conséquent, des deux premiers échelons de ce corps d’avant-garde qui, en somme, aura probablement l’effectif d’une petite armée ?

Il est clair qu’il y a là surtout une question de nombre d’appareils ; car, à moins de progrès dans le colossal que l’on ne peut pas prévoir, — il faut que l’imagination soit réglée par quelque prudence... — on ne doit pas s’attendre à ce que les appareils aériens, pris dans leur ensemble, puissent porter individuellement plus de cent hommes équipés [1]. Comptons donc sur 120 ou 130 appareils pour porter 10 000 hommes et près de 300 pour en porter 20 000, une assez sérieuse pointe d’avant-garde, après tout, même pour une grande armée.

Quel sera le prix de revient de cette « force aérienne, » prix

  1. Oserais-je suggérer que certains poids correspondant à l’effectif transporté pourraient être chargés sur, — ou plutôt dans, — un véhicule marin-étanche, de formes fines, ayant d’ailleurs quelque flottabilité et qui serait remorqué par l’aéronef au moyen d’un câble léger en acier, à enroulement et déroulement automatiques ?