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Nul doute, en ce moment-ci, du moins, sur la nécessité de protéger le « mastodonte » de l’air contre le « microbe », tant il est vrai que l’on retrouve toujours et partout, avec les mêmes phénomènes, l’inévitable balance qui en régularise les effets et les rend justiciables des principes généraux de l’attaque et de la défense...

S’élevant dans l’air beaucoup plus facilement et plus rapidement que le dirigeable-transport, l’avion peut le survoler et, d’une seule bombe, lancée avec justesse, le détruire sans miséricorde. Et sans doute le gros navire aérien, le « dreadnought » de l’atmosphère n’est pas complètement désarmé contre son minuscule, mais bien dangereux adversaire. On peut même prévoir pour le dirigeable de très grande taille un sérieux armement de « plateforme, » un armement « anti- aérien, » pour employer l’expression consacrée, malgré sa parfaite impropriété. Mais quoi qu’on fasse, il est fort probable, — ne disons jamais certain, — que l’avantage restera à l’avion, à moins que le dirigeable transport ne confie la défense de ce que j’appellerai son « œuvre vive, » — c’est le dos pour lui, si c’est le ventre pour le navire de mer, — justement à des aéroplanes qui, plafonnant à son zénith, écarteront les appareils ennemis. Voilà donc qui ne laisse guère d’incertitude : le deuxième échelon doit être mixte, composé à la fois de dirigeables de transport, d’ailleurs bien armés, et d’avions de combat.

Et le troisième échelon ?

Ici, de nouvelles difficultés, je veux dire de nouvelles chances défavorables se présentent. Nos transports, vrais mastodontes, eux aussi, ont à craindre, non seulement les bombes des appareils aériens, non seulement les projectiles des navires de surface, mais aussi les torpilles ou les chapelets de mines des navires de plongée.

Il leur faut donc (et d’autant plus qu’ils représentent une capacité de transport considérable, avec des milliers de vies humaines !) user de toutes les méthodes de protection extérieure, de tous les engins de défense individuelle et de défense collective. Tout au plus pourrait-on douter qu’ils eussent besoin de dirigeables, se servant déjà largement d’aéroplanes, si l’on ne savait que certain dirigeable, — de dimensions et de vitesse moyennes, celui-là, — est excellent pour découvrir et pour détruire les sous-marins.