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Mais je n’insiste pas sur des questions que l’expérience du transport des Américains de 1918 a déjà fort éclairées. Seulement, ne nous reposons pas trop sur le passé, si instructif, si récent, surtout, qu’il nous paraisse. Ne retombons pas dans Terreur de croire qu’à notre époque une guerre quelconque ressemblera à celle qui l’a immédiatement précédée. Efforçons-nous de prévoir ! Efforçons-nous de pénétrer les desseins de l’adversaire futur et, tant que cela sera possible, de contrôler sans relâche ses laboratoires, ses usines, ses arsenaux. La tâche sera malaisée. Il n’en faut pas moins s’en acquitter avec exactitude.


II

Arrivons aux Anglais.

Ici la difficulté change de nature. Il ne s’agit plus de traverser un Océan, mais de franchir un simple bras de mer et, si j’ose dire, d’enjamber un fossé.

Enjamber, oui ; et ce serait avantageux. Les appareils aériens s’en chargeraient.

Mais s’il s’agit de l’arrivée la plus prompte possible sur la Meuse de la « force expéditionnaire » britannique, — j’admets « a priori, » sans en être bien assuré, qu’on la conserve, — les appareils en question, très satisfaisants en ce qui touche la promptitude, le sont beaucoup moins en ce qui concerne l’abondance et la régularité du débit. Si, de plus, on considère que, d’une manière générale, nous avons le droit de compter, les Belges et nous, sur un concours immédiatement efficace de l’armée anglaise, il en résulte que cette armée doit se présenter à l’ennemi pourvue de tous ses moyens d’action, de tout son matériel, des plus essentiels, au moins, de ses services à l’arrière. Et l’on sait assez, aujourd’hui, ce que tout cela représente en poids et en « encombrement. »

Sans doute, dira-t-on, et pas plus maintenant que tout à l’heure, à propos des Américains, il ne peut être question de faire transporter par la voie aérienne le gros matériel, les lourds camions et la totalité des chevaux d’une armée. Mais il y a les bateaux ! Et c’est d’autant mieux leur rôle d’assurer ce service que la traversée du Pas-de-Calais est fort courte, entre une heure et demie et deux heures pour des transports, par « temps maniable »...