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Pendant ce temps, les attaques allemandes se poursuivaient entre Steenwercke et Locon en direction de Bailleul : la ligne des Monts au sud d’Ypres était menacée, du mont Kemmel au mont des Cats, et la lisière Sud-Est de la forêt de Nieppe déjà légèrement entamée. Nos alliés, à la vérité, commençaient à réagir : dans la journée du 13, l’attaque allemande s’étant portée au nord de la Lys entre la forêt de Nieppe et Wulwerghem, nos alliés reprirent Neuve-Église et Wulwerghem, tombés aux mains de l’ennemi. Néanmoins la poche creusée au sud d’Ypres était déjà si profonde qu’il paraissait nécessaire au Commandement britannique de réduire spontanément le saillant ; la ligne allait être lentement repliée du front Hollebeke, Gheluwelt, Est de Zonnebecke, Fasrhendaele, Est de Westroosebeke (qui resterait simplement gardée par quelques avant-postes) sur une ligne Merken, est de Bixschoote, Zillebeke, Wormezeele. L’important était qu’au Sud, du Kemmel au Catsberg, la ligue des Monts tint bon.


Foch ne cessait d’y insister. Il s’était transporté dans le Nord et, de nouveau, en ces journées des 14, 15, 16 avril, courait les quartiers généraux, voyait Haig, et, avec Haig, lord Milner et le général Wilson, voyait Plumer et Robillot, voyait le roi Albert et les chefs de l’Armée belge. Son action, tous les jours plus acceptée, se fortifiait de ce qu’enfin, il venait de recevoir — le 14 avril — le titre de Général en chef des Armées alliées.

Haig désirait qu’on libérât son armée d’une partie de son front, au Sud des Flandres ; Foch préférait que, le statu quo étant maintenu dans le partage du front, les Français intervinssent d’une façon plus active dans la nouvelle bataille engagée ; mais alors Haig et, avec lui, Lord Milner et le général Wilson accourus demandaient qu’on considérât celle-ci comme « la grande bataille » des Alliés et que, partant, un flux incessant de divisions françaises vint, comme naguères en Picardie, s’y engager : il fallait, ou raccourcir le front par un gros sacrifice et, abandonnant Ypres, Poperinghe, Hazebrouck, le porter sur la ligne de la mer à Aire, ou accepter la bataille sur la ligne encore occupée ; mais alors fallait-il que l’Entente y engageât ses forces. Tel était le dilemne où le Haut Commandement