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de fortune qui permit à la ligne de se ressouder. Mais il n’en allait pas moins que la forêt de Nieppe était fortement approchée, Hazebrouck et Cassel même menacés. La chute d’Ypres, tourné, pouvait n’être qu’une question de peu de jours


L’attaque des Flandres n’avait probablement été dans l’esprit de l’État-major allemand qu’une diversion ; le succès qu’obtenait derechef l’effet de surprise, l’incitait à pousser ses avantages et à transformer en offensive principale une attaque secondaire. Au delà d’Hazebrouck, c’était Calais qui maintenant était visé, et peut-être allait-on pouvoir réaliser en direction de la mer cette entreprise sur le détroit qui, à l’Est d’Abbeville, se heurtait maintenant à la résistance alliée. Du moins, Sir Douglas Haig le croyait ; il estimait de toute urgence que 4 divisions françaises au moins fussent portées entre Saint-Omer et Dunkerque. Foch était d’autant plus porté à l’écouter, qu’il lui fallait renoncer décidément à une contre-offensive à grande envergure sur la Somme : le général Fayolle faisait savoir que, devant le désistement de l’armée britannique, il lui paraissait impossible de rien tenter de sérieux de ce côté, — et cette décision paraissait sage ; il se contenterait d’améliorer les positions pour rendre plus assurée la possession d’Amiens.

Ne pouvant, de ce fait, soulager les Anglais, Foch était décidé à les aider directement dans la région attaquée. Le 2e corps de cavalerie (Robillot) fut porté en direction d’Hazebrouck ; deux divisions (la 133e et la 28e) allaient par surcroit fortifier la 2e armée britannique. Au besoin, d’autres forces suivraient. Pour plus de sûreté, le gouverneur de Dunkerque, le général Pauffin de Saint-Morel, était invité à tendre des inondations d’eau douce jusqu’à Saint-Omer. Quant au général Robillot, que Foch avait voulu voir en personne, il ne devait pas prévoir moins que quatre lignes de résistance afin que fût - : si les progrès de l’ennemi continuaient — préservée la région de Saint-Omer. Enfin, pour permettre à l’Armée Britannique de remonter vers le Nord et d’être cependant à même de soutenir une attaque allemande toujours possible entre Arras et la Somme, l’armée Maistre poursuivait, le 13, son mouvement pour atteindre par ses têtes de colonne la ligne Doullens-Vauchelles.