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pour agir efficacement puisqu’il suffit de bien peu de son de riz pour guérir le béribéri des oiseaux et que l’extrait de Funk représente 1/40 000 de la substance traitée. Nous reviendrons sur ce côté du problème qui n’est pas le moins passionnant et qui touche à ce qu’on a appelé les actions lytiques dans l’organisme.

A la suite d’Eykman de nombreux auteurs s’attaquèrent au problème des maladies par carence et de leur reproduction expérimentale. Je ne m’arrêterai pas à la plupart de ces recherches, quelle qu’en soit la valeur. L’espace m’est trop mesuré pour cela ; ceci ne doit être ni un répertoire bibliographique, ni un palmarès, mais seulement un exposé aussi peu ardu que possible d’un problème très ardu.

Parmi les expériences qui ont mis en évidence l’existence et les caractères des vitamines il faut citer surtout celles où un régime alimentaire approprié étant fourni à un animal, on voit celui-ci dépérir puis périr avec des symptômes béribériques ou analogues lorsque l’alimentation, sans y rien changer, est stérilisée à 120° à l’autoclave. Pourtant dans ce cas, rien n’a été enlevé à la valeur énergétique des aliments.

En opérant sur des rats nourris au moyen d’aliments stérilisés, on voit la croissance des lots de rats devenir tout à fait normale, ou au contraire s’arrêter complètement, suivant qu’on ajoute ou non à la ration une quantité infime de lait frais ou d’un extrait de levure de bière.

M. Schaeffer remarque avec beaucoup de raison que pour que les expériences sur les vitamines aient une signification, il faut qu’elles soient entourées de beaucoup de précautions. Trop d’auteurs ont négligé ces précautions, indispensables comme nous allons voir, ce qui fait que le fouillis des résultats publiés est un peu la « bouteille à l’encre » où il est très difficile de voir clair.

Il est évident par exemple que lorsqu’on opère sur des animaux, les expériences relatives aux vitamines ne peuvent avoir de signification que si toutes choses sont égales d’ailleurs. Autrement dit, il faut non seulement que la ration alimentaire sur laquelle on opère soit calorifiquement normale, mais aussi qu’elle contienne en quantités voulues les albuminoïdes spécifiques, les acides aminés indispensables. Faute de quoi on sera amené à attribuer à un déficit de vitamines ce qui pourra être dû à un déficit de ces albuminoïdes ou à la conjonction de ces deux causes.

De même il faudra que la ration alimentaire des animaux en