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expérience contienne en quantité suffisante les éléments minéraux (sels de métaux divers), qui eux aussi sont indispensables, en petite quantités, à l’équilibre nutritif. Faute de cette précaution, on risquera le même écueil que faute des acides aminés, et les résultats des expériences seront faussés.

Jamais autant que dans ces délicates recherches sur les vitamines ce mot de Claude Bernard n’a montré sa vérité profonde : il est plus facile de faire de mauvaises expériences que de reconnaître lesquelles sont bonnes, c’est-à-dire comparables.


Combien y a-t-il de sortes de vitamines et comment les classer ? On a beaucoup discuté et on discute encore beaucoup là-dessus. Les recherches récentes notamment de Mac Collum et Davis nous ont apporté quelques lumières à cet égard. D’abord ces auteurs ont proposé de substituer au nom de « vitamine » qui préjuge trop, à leur sens, de la nature des substances ainsi nommées, l’expression : facteurs accessoires de la croissance et de l’équilibre. Nous dirons par abréviation « facteur » tout court. Quoi qu’il en soit, Mac Collum et Davis résumaient ainsi en 1915 les résultats de leurs recherches :

« Les expériences relatées ci-dessus nous obligent à admettre qu’il y a deux catégories de substances, — de nature encore inconnue, — nécessaires au métabolisme normal durant la croissance. L’une est soluble dans les graisses ; elle accompagne les corps gras au cours des opérations effectuées pour les isoler de certaines substances alimentaires. L’autre est soluble dans l’eau, et, semble-t-il, insoluble dans les graisses. Nous montrerons plus loin que le facteur soluble dans l’eau est également soluble dans l’alcool. Cette dernière substance existe dans le lait. »

Ces deux physiologistes américains ont proposé d’appeler facteur A la vitamine soluble dans les graisses et facteur B celle qui se dissout à la fois dans l’eau et dans l’alcool.

Mac Collum et Davis ont montré que le facteur B soluble dans l’eau et dans l’alcool se trouve dans le lactose ou sucre de lait. Ils ont montré qu’une alimentation calorifiquement complète, mais stérilisée, aboutit à une cachexie fatale chez les rats ou leur assure une croissance normale, suivant qu’on y ajoute une quantité très faible de ce sucre.

Il est établi que ce facteur du lactose est identique à celui du cuticule du riz, qui est la vitamine de Funk, et avec celui d’autres