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des enfants pauvres, on l’observe surtout chez les enfants des familles aisées où l’usage des laits et farines stérilisés est répandu.

La cause de ces faits et du même coup le remède apparaissent clairement à la lumière de ce qui précède. Puisque les vitamines des graines sont éliminées en même temps que leur enveloppe, puisque dans les aliments où les vitamines ne sont pas enlevées, elles sont en quelque sorte « tuées, » décomposées ou du moins rendues inefficaces par la chaleur, le remède est dans l’emploi, fût-ce en faible quantité, d’aliments frais, de lait cru ou du moins fraîchement stérilisé, de farines non dépourvues de son.

L’art si difficile de la pédiatrie doit éviter ici un écueil. L’emploi exclusif pour l’enfant d’aliments décortiqués ou stérilisés doit être absolument proscrit. Les conceptions pseudo-scientifiques qui ont conduit là ont fait leur temps.

Chez l’adulte, la question se pose avec moins d’acuité, son instinct naturel le poussant, sans qu’il s’en doute, vers les aliments qui, tant par leur quantité que par leur nature, sont indispensables à sa nutrition. Mais dans les régimes, il faut également se garder d’une alimentation trop pauvre en vitamines. Tel est le cas du régime exclusif des pâtes alimentaires.

Il y a quelques années, sous l’influence des théories microbiennes, et surtout de Metchnikoff, il était admis que tous les mets doivent être cuits et parfaitement stérilisés. On criait « raca » sur les crudités, ces pelées, ces galeuses, porteuses de tous les germes infectieux. On avait tort. Il faut, à cause des vitamines, manger un peu d’aliments crus et notamment des fruits. Dût Mentchnikoff s’en retourner d’horreur dans sa tombe, c’est ainsi. Si le serpent de l’Éden, ce grand calomnié, a offert une pomme verte à notre mère-grand, je me demande si ce ne fut pas pour la mettre en garde à l’avance contre les excès du Metchnikoffisme.

Il n’est pas jusqu’aux malades à qui le régime stérilisé ne puisse être nuisible, s’il se prolonge trop. À ceux-là les bouillons de légumes, les orangeades et citronnades, le lait cru apporteront l’appoint nécessaire en vitamines. Mais c’est assez sur ce sujet qui pourrait me faire incriminer, à bon droit, d’exercice illégal de la médecine.

Si de ces contingences alimentaires, — hélas ! bien importantes, — si de cet aspect pratique de la question, nous passons à un point de vue un peu plus scientifique, nous voyons que les vitamines offrent au physiologiste bien des aperçus captivants. Si le phénomène vie ne s’en trouve pas entièrement élucidé, — nous n’en