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sommes pas encore là ! — du moins ces recherches récentes projettent sur lui quelques lueurs singulièrement suggestives.

Tout d’abord, il est prouvé que les vitamines ne peuvent pas être créées par les animaux eux-mêmes qui en ont besoin. Elles n’existent dans le lait, cela a été démontré, qu’autant qu’elles sont présentes dans la nourriture de la mère. L’origine des vitamines ne saurait donc être cherchée chez les animaux. Seraient-elles donc fabriquées par les végétaux ? Cela est possible »

En tout cas, des expériences récentes de Bottomley et Mockeridge ont établi qu’il existe pour les plantes, comme pour les animaux, des substances qui, même à faible dose, stimulent vigoureusement leur croissance, et qui paraissent être voisines de la vitamine de Funk, sinon identiques. On les a appelées des auximones, ce qui ne change rien à l’affaire. On a été amené à penser que ces substances pourraient être produites dans les plantes par les bactéries qui, comme on sait, collaborent dans le sol à la nutrition des végétaux, notamment dans la nitrification.

Les expériences sur ce sujet ne sont pas encore suffisantes pour asseoir une opinion nette. Mais ces aperçus nouveaux peuvent être pris dès maintenant en sérieuse considération.

Parmi les faits qui laissent à penser que les microbes peuvent être les agents de synthèse, les fabricants des vitamines, il y a celui-ci : le microbe de la fièvre typhoïde, le bacille d’Eberth est capable de synthétiser, à partir de certains liquides qui n’en contiennent pas, une vitamine probablement identique au facteur B. Des cultures de bacille typhique on peut tirer un extrait qui agit efficacement, et comme ce facteur B, sur la croissance du rat.


Ce qui est remarquable dans l’action des vitamines, c’est l’infime quantité qui en est suffisante pour produire des effets physiologiques et curatifs très importants. Quelques fractions de milligrammes, dans le cas des extraits préparés par Funk, suffisent à produire des résultats considérables.

Et ceci nous ramène par une voie détournée à l’action si longtemps disputée de quantités très petites de certaines substances sur les organismes vivants.

On s’est imaginé un moment, vers le milieu du siècle dernier, qu’avec un petit nombre d’éléments, du carbone, de l’hydrogène, de l’azote, etc., on pouvait, — question de laboratoire et d’habileté