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conduite « avec la dernière énergie ; » la deuxième position devait être occupée par des troupes placées à proximité et instruites de leur mission ; d’où, plus que jamais, la nécessité de réserves, car « les troupes destinées aux contre-attaques ne devaient pas être jetées sur la ligne attaquée, elles vont s’y fondre en pure perte..., » mais « être organisées par elles-mêmes, avoir leur base de départ, leur objectif, une formation déterminée, un appui d’artillerie, » les contre-attaques elles-mêmes devaient être « prévues, préparées, réglées. »

Tout en prescrivant à Pétain d’envoyer dans la région de Bergues une nouvelle division, à Maistre de pousser la 34e division vers le Nord, il ne quittait la région qu’après avoir insisté près de Haig sur l’importance capitale du mont Kemmel qu’il fallait non seulement défendre, mais dégager.


La bataille continuait, très vive, très âpre. Les Anglais résistaient maintenant avec l’inlassable opiniâtreté qu’ils apportent toujours à la lutte, dès qu’ils se sont ressaisis. Les Allemands s’enrageaient, voyaient leurs pertes augmenter, en voulaient du moins avoir le bénéfice, s’emparaient, le 14, de Neuve-Eglise, où, depuis deux jours, les Britanniques se battaient avec une extrême vigueur, puis, le 15, de Wytschaete et de Meteren, occupaient, entre temps, Bailleul, n’étaient arrêtés que le 17. Ce jour-là, le mont Kemmel ayant été attaqué, l’assaut avait été repoussé. Mais nos alliés s’épuisaient à cette tâche ingrate. Il fallait leur apporter un nouveau secours. De retour à son quartier général de Sarcus, le général en chef des Armées alliées avait décidé la formation d’un Détachement d’Armée française qui, sous les ordres du général de Mitry, grouperait, sous le commandement supérieur de Plumer et de Haig, les forces françaises, — le corps de cavalerie et 4 divisions, — déjà portées au nord de la Lys ; la 10e armée française en outre se tiendrait prête à fournir des divisions à Mitry ; on prévoyait qu’avant peu, 10 divisions françaises seraient dans la 2e armée britannique qui, d’autre part, grâce à l’extension du front belge, récupérait 7 divisions 1/2.

Pétain avait reçu l’ordre d’avancer vers le Nord de nouvelles divisions. Par ailleurs, ne pouvant renoncer à l’idée d’inquiéter l’ennemi plus au Sud, Foch le faisait assaillir par