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reculer sur tout ce front. Pour développer et accroître cette offensive, il importe que, sans aucun retard, toutes les forces alliées s’engagent dans la bataille suivant les directions convergentes et par les parties favorables du front.

« Dans ce but, tandis que,

« 1° Les armées britanniques, appuyées par la gauche des armées françaises, continuent d’attaquer en direction générale Cambrai-Saint-Quentin ;

« 2° Le centre des armées françaises continue ses actions pour rejeter l’ennemi au delà de l’Aisne et de l’Ailette,

« 3° L’armée américaine exécutera les opérations suivantes :

« a) L’offensive prévue en Woëvre, réduite à l’obtention de la ligne Vigneulles-Thiaucourt-Regnéville, suffisante pour assurer les résultats visés : dégagement de la voie ferrée Paris-Avricourt et base de départ satisfaisante pour des opérations ultérieures. Cette attaque est à déclencher le plus tôt possible, afin de ne laisser aucun répit à l’ennemi, — au plus tard le 10 septembre ;

« b) Une offensive en direction générale de Mézières, aussi forte et violente que possible, couverte à l’Est par la Meuse et appuyée à gauche par une attaque de la 4e armée.

« Cette dernière offensive est à monter avec la plus grande rapidité pour être déclenchée au plus tard du 20 au 25 septembre.

« Elle visera tout d’abord, par des actions menées de part et d’autre de l’Argonne, à rejeter l’ennemi sur la ligne Stenay-Le Chesne-Attigny, puis à gagner la région de Mézières tout en manœuvrant par l’Est pour vaincre la résistance de l’Aisne [1]. »

A cette extension considérable de la bataille à l’aile droite de ses armées, — Gouraud et les Américains, — le Maréchal attache une importance considérable. L’opération de Saint-Mihiel coupera le fil ou plutôt le câble qui, depuis trop longtemps, nous retient par le pied dans les régions de la Meuse. Libérés, nous nous élancerons du Sud au Nord sur un large front, à travers la ligne Hindenburg, à la conquête des positions Brunehilde et Kriemhilde : si nous les franchissons, que comptera, plus au Nord, au cas où elle resterait invincible, la résistance de Wotan, Siegfried et Albérick devant les Anglais et les armées de Fayolle ?

  1. Il s’agit, bien entendu, de la haute vallée de l’Aisne dans la région argonnaise.