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Cependant, l’assaut sera donné à ces parties de la ligne sans tarder. Foch compte sur la résolution froide qu’il lit dans les lettres, les ordres, les propos de Haig, sur la ferme direction donnée par Pétain à ses armées, sur le talent manœuvrier de Fayolle et sur l’habileté de Debeney, sur la fougue d’Humbert et de Mangin : la Siegfried Stellung n’est-elle pas déjà entamée, — légèrement, — à Drocourt ? La fabuleuse ligne n’est donc pas inviolable. Les Britanniques prenant comme objectif la ligne Valenciennes-Solesmes-le Cateau-Wassignies, sera-t-il écrit le 8, se prépareront après brève échéance à un nouvel assaut. « Il y a donc lieu d’entreprendre dès maintenant la préparation de l’offensive visant à s’emparer de cette ligne et à passer au delà vers les objectifs indiqués. »

L’aile droite des armées alliées a sa mission, le centre a la sienne ! Va-t-on laisser l’aile gauche inactive ? Foch songe au contraire à la mettre enfin en mouvement. A la vérité, il n’en a dit mot dans sa directive, mais l’idée est née, tandis que d’autres prenaient leur vol. Le 8 septembre, le commandant en chef part pour la Belgique. Le 9, il voit à la Panne le roi Albert. Quels souvenirs entre eux : les entrevues de Furnes d’octobre 1914, cette coopération en quelques instants établie des troupes belges battant alors en retraite sur l’Yser et des troupes françaises accourant à la rescousse, cette belle entente loyale, cordiale, presque attendrie entre le cœur du roi des Belges et le cerveau du général commandant le groupe des armées françaises du Nord ! Quatre ans après, c’est le même roi Albert, c’est le même Foch, celui-ci toujours résolu à faire coopérer au même but tout ce qui y peut collaborer, ingénieux, ferme, persuasif, celui-là toujours prêt à laisser parler sa conscience et son cœur, à aller jusqu’au bout de ce que lui dictent l’une et l’autre. Ce sont d’ailleurs les premiers fleurons de sa couronne que Foch lui vient donner le moyen de reconquérir enfin l’épée à la main. Le Maréchal lui expose que l’ébranlement et l’usure de l’ennemi, comme aussi .la réunion de ses forces sur le territoire français, créent une situation exceptionnellement favorable pour le battre en Belgique et reconquérir la province au nord de la Lys par une action à organiser. L’action serait, sous le haut commandement du Roi, confiée à l’Armée belge, à une armée française, à une armée britannique. Et à peine le Roi a-t-il donné son adhésion de