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Vauquois, son 1er entre Vauquois et Vienne-le-Château. Ce terrain était incommode. Le général Pershing fait observer avec raison que son 1er corps notamment allait opérer dans cette forêt d’Argonne « dont les ravins, collines et systèmes de défense, judicieusement tracés, camouflés par d’épais fourrés, avaient jusqu’alors été considérés comme imprenables. »

Par surcroit, les Allemands devaient nécessairement là, plus qu’ailleurs peut-être, opposer une tenace résistance. Cette région d’entre Meuse et Suippe, c’était le pivot de la manœuvre de Foch, mais c’était aussi le pivot de la retraite allemande éventuelle. Si le pivot sautait, celle-ci, menacée de flanc dans son mouvement vers la Meuse ardennaise, pouvait promptement tourner au désastre. D’où la nécessité, pour l’Allemand, d’une résistance acharnée. L’armée américaine, l’ayant prévue, avait concentré dans la région entre Meuse et Argonne des forces importantes dont le maniement et les mouvements devaient être rendus fort difficiles par l’état précaire des voies de communication.

Pour mieux suivre l’opération et être à portée de l’événement qui lui tenait fort au cœur, Foch s’était transporté à Trois-Fontaines (nord de Saint-Dizier), tandis que Pétain, haut directeur de la double opération, avait établi son poste de commandement à Nettancourt (nord de Revigny).

Sur le front Gouraud, la préparation d’artillerie avait commencé le 26 à l’heure fixée : à 5 heures 25, l’infanterie se porta à l’attaque. L’ennemi avait essayé de rendre, si j’ose dire, à Gouraud sa politesse du 15 juillet ; il avait évacué la première position, n’y laissant que des avant-postes sacrifiés. Mais la manœuvre avait été prévue : les troupes prévenues ne se mirent point en grands frais pour chasser ces avant-postes et réoccuper cette première position, — faisant 7 000 prisonniers, dont la proportion d’officiers (200) était notable.

De son côté, l’armée américaine, écrit Pershing, « se frayant le chemin dans les fils de fer barbelés et une mer de trous d’obus, » avait traversé le No mans land, et s’était rendue maîtresse de toutes les premières défenses.

Le soir du 26, le front était ainsi porté, de l’Ouest à l’Est, par les deux armées assaillantes, à la cote 193 (Sud-Est de Sainte-Marie à Py), à la butte de Tahure, à la rive Nord de la Dormoise jusqu’à Cernay, à Servon, à Melzicourt, au bois de