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21e, après avoir enlevé le Bois au nord de Tahure, repoussait de furieuses contre-attaques, que le 2e emportait Maure, au Nord do Tahure et que le 9e achevait la conquête du plateau de Gratreuil sur un ennemi qui s’y cramponnait. A droite, le 38e continuait à progresser péniblement dans les marécages de l’Aisne aux abords de Bouconville.

A sa droite, l’armée américaine se débattait toujours en vain dans le maquis argonnais. En revanche, elle faisait le 28, une brillante avance, très méritoire en face d’une résistance acharnée, atteignant le bois d’Epinonville (à l’Est de l’Argonne) ainsi que Nantillois (4 kilomètres au nord de Montfaucon) et abordant, avec Brieulles-sur-Meuse, la région même de Dun.

Aux difficultés que créait, sur un terrain en partie fort ingrat, l’évidente volonté des Allemands de ne céder que pied à pied ce terrain, s’en ajoutaient d’autres maintenant, causées par un temps pénible ; la pluie commençait à tomber, qui ne cesserait guère de huit jours. Le sol allait en être promptement détrempé, et c’est ce sol du Verdunois que certains d’entre nous connaissent trop bien. « Sous la pluie glaciale des nuits sombres, écrit Pershing, nos soldats du génie avaient à construire de nouvelles routes à travers des terrains spongieux et retournés par les obus, à réparer les routes endommagées et à jeter des ponts. Nos artilleurs, sans penser au sommeil, s’attelèrent aux roues et amenèrent leurs pièces à force de bras à travers la boue pour appuyer l’infanterie. » De la lecture de ce rapport attristé, on garde l’impression de pénibles épreuves. Elles s’augmentaient de l’accumulation entre Argonne et Meuse des troupes américaines que les circonstances ne permettaient pas de ravitailler facilement et que les bombardements ennemis éprouvaient cruellement. Le 29, nos alliés avancent peu ; la poche créée en Argonne dans leur forêt les gênait ; on tenta de progresser et on n’y réussit que fort peu, dans les bois, à l’Ouest de Varennes.

L’armée Gouraud, cependant, faisait, elle aussi, un grand effort. Les ailes de l’armée se heurtant à une résistance irréductible, le centre brisait cette résistance. Au soir, on atteignait Bouconville-Séchaut-Vieux et les lisières Sud d’Aure.

Les Allemands appuyaient leur résistance, à notre gauche, sur la région des Monts que Gouraud ne pensait nullement à attaquer, mais à tourner, et à notre droite, sur l’Argonne où