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sont maintenant directement menacées, tous ses plans de résistance déçus, à vau l’eau. Ses divisions rejetées lui reviennent en lambeaux. Moralement, matériellement, ces journées du 27 septembre au 5 octobre comptent parmi les grandes défaites de l’histoire. Que vaudra sa résistance aux ailes entre la Suippe et la Meuse, entre la Lys et la Mer, si son centre est enfoncé ?

Et voici qu’appliquant impitoyablement son énorme plan d’attaque, Foch lui a, plus au Nord, infligé une nouvelle défaite, car ce n’est pas seulement au canon victorieux de Cambrai que Lille encore occupée prête l’oreille, mais au canon victorieux des Flandres. La bataille du centre était à peine commencée, que celle des Flandres s’était déclenchée, menaçant le flanc droit d’une armée déjà en si mauvais arroi.


L’OFFENSIVE DES FLANDRES 28 SEPTEMBRE-10 OCTOBRE

Le 19 septembre, le groupe d’armées des Flandres était constitué. Il était formé de l’armée belge (12 divisions), de la 2e armée britannique qui, sous les ordres du général Plumer, avait toujours, depuis 1915, occupé la région entre Yser et Lys, et de la 6e armée française, fort secrètement transportée de la région de l’Aisne à celle de l’Yser. Le commandant en chef n’était autre que le roi Albert, et son major-général, ce général Degoutte dont les événements de juillet 1918 avaient achevé de mettre en lumière les rares qualités de chef.

Le 21 septembre, la mission du groupe est exposée en un ordre aussi clair que ferme :

« l. — La mission du G. A. F. est de chasser l’ennemi de la province au Nord de la Lys entre Armentières et la frontière hollandaise.

II. — La manœuvre d’exploitation commencera aussitôt après la conquête des hauteurs de Kruiseck, de la crête de Passchendaele et de Clercken.

III. — La cavalerie couvrira les mouvements des armées en se portant, dès que la dislocation du front ennemi le permettra :

la division de cavalerie belge en direction de Bruges, avec mission de couper les communications ennemies avec la côte ;