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de nuit et c’est en écrasant les arrière-gardes ennemies qu’on arrivait, le 29, à l’Ailette au Nord de la forêt de Pinon, à l’Aisne à Chavonne, la plus grande partie du plateau d’Ostel étant, de ce fait, occupée ; la 10e armée abordant l’Ailette n’était un instant arrêtée que par un formidable tir de mitrailleuses, tandis que, sur le plateau au Nord de Chavonne, l’ennemi faisait également mine de résister.

Foch vit immédiatement de quelles conséquences pouvait être ce repli pour tout ce coin de champ de bataille. L’ennemi, s’il hésitait un instant à lâcher la rive droite de la Vesle, allait être pris entre deux feux, mais il fallait que, le feu de Mangin balayant les plateaux au Nord de l’Aisne, le feu de Berthelot se rallumât au Sud de la Vesle.

Dès le 29, ordre était donné à Pétain de faire assaillir par la 5e armée les positions de la Vesle ; en quelques heures, Pétain prescrivait l’attaque, préparée de longue date par le général Maistre, et le 30, à 5 h. 30, toute l’armée Berthelot se jetait sur le front Glennes-Jonchery, avec les 5e, 20e et 3e corps. Le 5e passait la Vesle dès 6 h. 25 et progressait vers le bois du Goulot, poussant devant lui un ennemi désemparé. A sa gauche, le 20e corps, arrêté par les mitrailleuses de Romain et de Grand-Hameau, encerclait et faisait tomber ces positions à midi 30. Le 3e corps, après des combats très âpres, progressait à l’Ouest de Revillon. On réattaqua, à 16 heures, sur toute la ligne et, le soir, on avait enlevé près de 2 000 prisonniers. L’attaque reprenait, élargie, le 1er octobre au matin, entre le massif de Saint-Thierry et le confluent de la Vesle et de l’Aisne.

L’armée Mangin, ayant, sur ces entrefaites, occupé Soupir, sur l’Aisne, et l’important plateau d’Ostel tout entier, l’ennemi, affolé, ne songeait plus qu’à se décrocher de Berthelot. Il devait regretter d’avoir tardé à se replier, car le repli imposé devenait, grâce à la promptitude de notre attaque, une défaite. Notre 16e division, ayant franchi la Vesle sur tout son front, occupa la butte de Prouilly tandis qu’à sa droite la 168e, franchissant également la rivière, enlevait Châlons-Merfy et le château de Marais. Le 5e corps, renversant les résistances d’ailleurs partielles de l’ennemi, s’emparait de la crête au Sud de Bouvancourt, le 3 » corps atteignant, cependant, le canal entre Concevreux et la sucrerie des Hautes-Rives. Les Italiens d’Abricci, mis en mouvement, dépassaient La Croix-Sans-Tête et se rencontraient