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à Soupir avec les troupes de Mangin. L’ennemi se repliait sous ce coup le plus rapidement qu’il le pouvait, n’opposant une forte résistance qu’aux abords du canal. Le 1er corps, l’attaque s’élargissant tous les jours, occupa, le 2, les positions à l’Est de Reims ; le 13e menaçait Courcey et Loivre ; le 5e bordait le canal ; le 20e enlevait le moulin de Cormicy ; le 3e atteignait le chemin Concevreux-Roucy et bordait à son tour le canal jusqu’à Pontavert. Le 3 octobre, le 1er corps colonial entrait en scène au Nord de Reims et attaquait entre le canal et Betheny, tandis que le 13e enlevait Loivre et franchissait le canal où le 5e corps prenait pied sur la rive Est près du Godat, le 20e, de son côté, occupant Genicourt.

Toute la région entre Aisne et Vesle était donc nettoyée, et nous avions, ainsi, creusé une poche qui mettait en péril, d’une part, les troupes allemandes tenant encore la partie Est des plateaux entre Ostel et Craonne, d’autre part, celles qui, de Berry-au-Bac à l’Est de Reims et du fort de la Pompelle au massif de Moronvillers, étaient, par ailleurs, menacées par la reprise imminente des opérations de la 4e armée. Sous la triple menace que Mangin, Berthelot et Gouraud suspendaient ainsi sur sa tête, le Haut Commandement allemand était forcé d’ordonner un vaste repli sur tout son front de Champagne, et il ne dépendait que de Foch de le contraindre à étendre ce repli plus loin encore à droite et à gauche, de La Fère à Vouziers. L’à-propos avec lequel Mangin avait sauté sur l’ennemi en retraite, la rapidité avec laquelle Berthelot avait été jeté au delà de la Vesle allaient avoir les conséquences que Foch attendait de cette attaque impromptue. Un des résultats serait de faciliter la reprise des opérations de Champagne, déjà décidée en principe. La ligne de feu allait ainsi se rallumer sur tout le front de l’Argonne à l’Artois et bientôt à la mer, car on touchait aux grandes heures de la bataille décisive.


LOUIS MADELIN.