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République, résidant à Strasbourg, en perpétuel contact avec la population, familiarisé avec les usages du pays, ne peut juger du moment où l’adaptation devient partiellement possible et la préparer. Je ne vois pas les Chambres s’occupant de ces mille détails et obligées d’étudier des problèmes si nombreux et si compliqués. Ceux qui souhaitent la fusion la plus rapide des deux législations devraient donc être les premiers à demander que les pouvoirs les plus larges fussent accordés au Commissaire général. Le Parlement l’a d’ailleurs compris. Il a donné une sanction légale au Commissariat.

Le Commissariat général a cru devoir s’entourer des conseils de quelques personnalités de la vieille France et de l’Alsace-Lorraine. C’est là ce qui a donné naissance au Conseil supérieur, qui siège tous les deux mois à Strasbourg et qui n’a d’ailleurs que voix consultative. Les Alsaciens et les Lorrains ont, à ce propos, fait entendre des critiques justifiées. Les membres du Conseil supérieur sont désignés par le gouvernement, ils ne sont pas élus par la population. On ne pouvait pas, de toute évidence, organiser des élections pendant les premiers mois de l’occupation du pays. Encore eût-il été possible de choisir les membres du Conseil parmi les députés, élus au suffrage universel, de la Chambre alsacienne-lorraine. Rien ne s’opposerait d’ailleurs à ce qu’on donnât encore sur ce point satisfaction à l’opinion publique. Je ne verrais pas non plus, pour mon compte, le moindre inconvénient à ce que le Conseil supérieur fût, après les élections prochaines, composé de conseillers généraux des trois départements nouveaux.

Ce serait là un essai de régionalisme très intéressant et on ne pourrait plus faire à cette assemblée le reproche de ne pas représenter l’opinion moyenne du pays. Toujours est-il qu’il est désirable, pendant la période transitoire, que le Commissaire général prenne l’avis de ses administrés dans des questions vitales intéressant les deux provinces.


Parmi ces questions, une des plus irritantes est incontestablement celle de la langue. Je m’y attarderai quelque peu, à cause même de la grande importance qu’y attachent l’administration d’un côté, la population indigène de l’autre. La bourgeoisie alsacienne-lorraine parle couramment le français,