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et dans le clergé un grand nombre d’affiliés, — ainsi était-ii en liaison avec des prêtres du séminaire de Saint-Sulpice, des professeurs et des élèves de l’Institution Liautard, de l’Institution Guillemin, de l’Institution de Mme Bouler, de l’Institution des Sourds-Muets, avec des prêtres dépendant de Notre-Dame, de la Grande Aumônerie (l’abbé Rauzan), de Saint-Sulpice, etc. On ne saurait douter que dès lors, il n’eût constitué à Paris, une Congrégation dans laquelle il avait engagé un grand nombre de jeunes gens : étudiants en droit et en chirurgie, élèves de l’Ecole polytechnique, etc. Arrêté à Bordeaux en septembre 1809, « comme prévenu d’entretenir des relations fanatiques avec M. Alexis de Noailles, chef d’une association mystique qui s’occupait de répandre des écrits à l’occasion des événements de Rome et du Pape [1], » il avait été incarcéré à la Grande Force le 27 novembre. Il ne put y connaître Malet, transféré en juin précédent à Sainte-Pélagie. Le 8 juin 1810, à l’entrée de Savary au ministère, le comte Dubois proposa sa mise en liberté, mais sur le rapport que le ministre de la Police fit à l’Empereur, celui-ci, loin d’accéder, ordonna de faire réarrêter M. de Noailles. Quelques jours après, Dubois présenta un rapport sur l’état de maladie de Lafon, et conclut (22 juin) à ce qu’il fût placé dans la maison Dubuisson. Il y trouva donc Malet qui y était établi depuis le mois de janvier. Chez Dubuisson, où il n’était tenu aucun registre des visites, venait qui voulait. Lafon recevait beaucoup de gens, et par l’influence qu’il exerçait, soit par ses instructions religieuses, soit par ses promesses de places, il s’était formé une clientèle dans laquelle il pouvait recruter des agents dont la piété garantissait la fidélité. Lui-même a écrit : « Un des cinq conjurés [2] qui gémissait depuis six ans, victime de sa fidélité au Saint-Père et à l’Eglise, et qui n’avait d’autre tort que d’avoir été l’ami de M. le comte Alexis de Noailles, et d’avoir fait connaître les bulles du Souverain Pontife, avait préalablement préparé l’opinion à Bordeaux, à Reims, et dans toute la Bretagne, en y formant des associations destinées à propager l’esprit de royalisme. »

  1. Ailleurs, « comme chef d’associations mystiques de jeunes gens et impliqué dans des intrigues de M. Alexis de Noailles, relatives aux affaires du Pape. »
  2. L’abbé Lafon affirme que les deux Polignac, le marquis de Puyvert et lui-même, participaient entièrement à la conspiration.