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UN MARTYR DE LA GRANDE TRAGÉDIE MODERNE

LE TSAR NICOLAS II


Du Journal qu’elle a tenu aux heures les plus critiques de la guerre, Sa Majesté la reine de Roumanie a bien voulu détacher pour nous ces pages de souvenirs écrites sous le coup de l’émotion, à la nouvelle de la mort de celui qui fut jusqu’au bout le fidèle allié de l’Entente. Nous lui en exprimons tous nos respectueux remerciements. Ainsi la première voix qui se sera élevée en l’honneur du malheureux souverain, aura été celle d’une femme et d’une Reine.

Bicaz, Septembre 1918.

Le tsar Nicolas est mort !

Ils l’ont tué, honteusement, violemment, sans pitié ; il était à leur merci ; ils ont eu peur que d’autres ne vinssent le sauver. Alors, un matin, de bonne heure, ils l’ont fusillé. Il n’était plus un symbole, et quand à n’être simplement qu’un homme, on ne voulut pas le lui permettre.

Toute sa vie il aurait voulu n’être qu’un homme ; — ce fut là son erreur : un souverain doit être davantage ; — et lorsque le moment vint où il aurait pu n’être que cela, on le tua.

Des détails précis au sujet de sa mort on ne saurait encore en avoir ; ce sont des rumeurs contradictoires qui nous en parviennent ; mais, ce qui est certain, c’est qu’il est mort, un matin, de bonne heure, assassiné. Car cette mort ne mérite