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nos réserves métalliques auraient passé la frontière. Mais, comme cet exode était interdit et que la Banque de France était relevée de l’obligation de rembourser ses billets en métal, l’or est resté dans ses caves, sauf lorsque le gouvernement lui a demandé d’en expédier certaines quantités au dehors, notamment à Londres pour y gager des crédits consentis à la France par la Trésorerie britannique. Il en est résulté ce fait paradoxal en apparence qu’au cours de la guerre l’encaisse or de la Banque de France a augmenté d’à peu près 2 milliards de francs. Cet accroissement a été dû à l’apport volontaire qu’ont fait beaucoup de nos compatriotes, qui avaient conservé par devers eux des réserves de métal jaune, et qui, répondant à l’appel du pays, l’ont patriotiquement versé dans les caves de la Banque. Ces versements ont plus que compensé les sorties qui ont eu lieu dans les conditions que nous venons de rappeler, et font que, en dépit de ces dernières, l’encaisse de notre institut d’émission approche aujourd’hui de 6 milliards de francs, sans compter 700 millions dont il est créditeur à la Trésorerie des États-Unis et 800 millions de disponibilités à l’étranger.

Cette augmentation des stocks visibles s’est présentée également chez d’autres belligérants et certains, neutres. En Angleterre, le stock d’or a la Banque et dans la Trésorerie a augmenté d’un milliard ; celui des banques fédérales des États-Unis de 6 milliards ; celui de la Banque du Japon d’un demi milliard de francs. En Scandinavie, en Hollande, en Suisse, en Espagne, les encaisses des banques d’émission se sont accrues dans une proportion encore plus forte. La Banque d’Espagne a plus de deux milliards d’or au lieu de 400 millions en 1913.

Si l’on classe les principales Puissances en trois groupes, celui-de l’Entente, celui des Empires centraux, celui des neutres, on constate qu’au cours de la guerre le premier a vu son stock d’or augmenter de près de 15 milliards, le second est resté stationnaire, le troisième s’est augmenté d’environ 3 milliards, La majeure partie de ces 18 milliards provient de la production aurifère qui a, pour les six années 1914-1919, atteint une quinzaine de milliards de francs. Les mouvements d’or qui ont eu lieu pendant la guerre ont tous émané de la volonté des gouvernements, qu’ils les aient affectés eux-mêmes ou provoqués par des accords avec les instituts d’émission. Au début de la guerre, les États-Unis, ayant à acquitter en Europe