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Cela n’a sauvé aucune de ces deux monnaies du désastre qui les a atteintes au cours de la guerre et qui les a précipitées dans le gouffre où elles se débattent actuellement. Nous ne devons pas nous arrêter à considérer un expédient de ce genre comme étant de nature à nous faire triompher des difficultés de l’heure présente. La valeur de notre unité monétaire ne doit être mise en doute par personne. C’est en affirmant notre volonté de la remettre le plus tôt possible sur le pied d’égalité avec les autres monnaies d’or que nous fortifierons la confiance que le monde n’a pas cessé d’avoir dans nos finance ?. Qu’on ne nous objecte pas que l’approvisionnement de l’humanité en métal jaune n’est pas suffisant : la production annuelle dépasse 2 milliards de francs et parait assurée aux environs de ce chiffre pour une longue période. Il y a là de quoi alimenter les encaisses des instituts d’émission et de quoi élargir singulièrement la base de la circulation fiduciaire.

Plus notre situation économique générale s’améliorera, et plus rapidement notre change remontera. La valeur du franc est fonction de notre production agricole et industrielle, de notre commerce extérieur, de nos finances publiques. Voilà la vérité qu’il faut avoir présente à l’esprit. Il ne s’agit pas de chercher des palliatifs, de recourir à tel ou tel remède passager qui ajourne les difficultés sans les résoudre. Il faut le répéter bien haut à la nation : travaillons, soyons sobres et économes, produisons beaucoup, vendons au dehors, et, une fois de plus, nous étonnerons le monde par la rapidité de notre relèvement Comme le disait M. Loucheur le 10 septembre dernier, dans son discours à la Chambre, laissons faire les braves gens de France ; et ne nous laissons pas égarer par les sophismes de ceux qui cherchent les causes du mal là où elles ne sont pas.

La question du change n’est pas un problème isolé, dont des techniciens seuls puissent venir à bout. C’est au contraire, l’aboutissement de causes profondes qui tiennent à la constitution même de notre vie économique. Nous avons rappelé plus haut les multiples accords intervenus, au cours de la guerre, entre gouvernements pour éviter de brusques oscillations dans les cotes de leurs monnaies. Ces conventions ont eu leur effet pendant une durée limitée ; mais, par la force même des choses, elles ne pouvaient être prolongées indéfiniment. M. Lloyd George vient de déclarer à la Chambre que le gouvernement