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le ciel. Il faut avoir des nerfs pour ne pas perdre courage... Voilà maintenant (mit jours que nous sommes dans la m lasse (scheisse) ; » et l’expression plait, car, le 6, après avoir constaté que décidément « les Français tiennent..., » un homme du 400e d’infanterie ajoute : « Nous ne savons comment nous sommes arrivés dans cette mélasse. » Si, au front, le dénouement, ou plutôt l’absence de dénouement du drame, faisait tomber à plat les enthousiasmes, à l’arrière, l’opinion ne put être un instant galvanisée : « Toutes ces offensives coûtent et ne rapportent rien, puisque l’ennemi ne cède point et que la paix ne vient pas, » tel était le résumé des réflexions amères. Un tel état des esprits au lendemain d’une si éclatante victoire pouvait faire pressentir ce que serait le lendemain d’un revers. Et les revers, maintenant, étaient proches.


L’OFFENSIVE ALLEMANDE DE L’OISE (9-13 JUIN)

La façon dont s’était terminée l’opération du 27 mai contraignait en quelque sorte les Allemands à reprendre très promptement l’offensive à l’Ouest de l’énorme poche creusée par eux entre Noyon et Reims. S’en fussent-ils même tenus à leur objectif primitif, à la ligne de la Vesle et à celle de l’Aisne de Condé à Fontenoy, que déjà se fût imposée cette opération complémentaire ; à plus forte raison lorsque le saillant, s’étant démesurément développé, atteignait à son sommet la ligne Château-Thierry-Dormans. Maintenant la nécessité était pour eux pressante — s’ils ne voulaient rester dangereusement vulnérables — de s’aligner au plus tôt sur une ligne Sud de Montdidier-Compiègne-Villers-Cotterets-Château-Thierry, tout d’abord par une attaque sur le front Sud de Montdidier-Sud de Noyon, tenu par la 3e armée française (Humbert).

Les indices d’attaque se multipliaient sur ce front dès les premiers jours de juin : l’Etat-Major Humbert n’en laissait échapper aucun. Le 6 juin, le général pourra adresser sans aucune crainte d’erreur à son armée l’ordre où l’on lit : « Les indices d’offensive sur le front de l’armée se multiplient et se recoupent depuis quelques jours. Des derniers renseignements fournis par des déserteurs venant l’un de Rollot et l’autre de Dives, il est permis de conclure que l’offensive est imminente. »

Ce ne serait, cette nouvelle offensive, qu’une suite de la