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de ses élèves, un chemin bien dessiné qui mène quelque part, mais qu’elles abandonnent brusquement pour prendre une autre direction. On laisse inachevé un cours d’études où les exercices et les connaissances soigneusement étagées tiraient de leur suite et de leur ensemble même une partie de leur valeur pédagogique, et on superpose sur ce cours inachevé le plus hâtif des bachotages. Le bachotage des garçons est une révision. Pire est celui des jeunes filles, pour lesquelles il ne s’agit pas de revoir, pour lesquelles l’accord n’existe pas entre les études antérieures et le travail de la dernière heure.

On comprend que le ministère de l’Instruction publique se soit alarmé de voir l’enseignement secondaire des jeunes filles, dont il était si fier, compromis par cet intrus : le baccalauréat. On eût pu s’en remettre à la mode du soin de détruire ce que la mode avait fait ; on eût pu escompter l’effet des désillusions qui attendent, hélas ! les bachelières de demain, qui attendent même les licenciées. Mais on avait, dans d’autres domaines, dépassé la formule : Wait and see. Le temps aggrave le mal qu’il ne guérit pas. On décida donc d’aviser. Le ministre de l’Instruction publique était alors M. Painlevé. Un projet sortit des conférences qu’il tint avec ses ordinaires conseillers. Celui que ses fonctions désignaient pour le mettre au point en sut, avec le plus grand art, ajuster les détails. Après bien des détours, on en revint à s’inspirer de ce projet. Le principe en était de respecter la loi de 1880, et par suite le diplôme, et aussi par suite de limiter les mesures proposées à l’enseignement public, le seul dont la loi de 1880 eût eu souci. On portait de cinq à six le nombre des années secondaires de l’enseignement féminin. On ouvrait même une septième année à des cours pratiques autrement efficaces que le baccalauréat pour assurer l’avenir des jeunes filles. On rapprochait, sans les confondre, les programmes de l’enseignement féminin et de l’enseignement masculin. Le diplôme restait le couronnement des études. Mais, pour celles qui, outre les études communes à toutes, auraient fait des études de latin ou des études complémentaires de sciences, le diplôme comportait une mention latin ou une mention sciences, qui entrainaient l’équivalence avec la première partie du baccalauréat, la seconde partie devant être la même pour les filles et pour les garçons.

Cette réforme ne se donnait pas pour une réforme définitive.