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p. 100 de potasse) et le reste en d’autres sels à teneur plus élevée provenant surtout des carnallites (chlorure marchand à 75 p. 100 de chlorure pur ; engrais préparés à 20 ou 48 p. 100, etc.) Tous ces engrais étaient taxés par l’Allemagne d’après leur teneur en potasse. Ainsi, la carnallite à 9 p. 100 minimum de potasse valait, en Allemagne, 11 a 15 francs la tonne de 1 000 kilos ; la kaïnite (à 12,4 p. 100), 19 francs ; le chlorure de potassium (à V)0 p. 100 de chlorure pur), 17 fr. 50, etc. et ces prix du commerce intérieur étaient majorés d’environ un quart pour la vente à l’étranger.

Dans ces conditions, la taxation n’empêchait pas le bénéfice commercial d’être énorme. On l’estimait à moitié du prix de vente. La concurrence qui va s’exercer pourra donc provoquer des prix plus favorables aux cultivateurs, sans que l’industrie minière alsacienne, libre désormais de développer sa production, en pâtisse. Au contraire, une entente internationale destinée à hausser artificiellement les prix de la potasse, équivaudrait, si elle n’était pas accompagnée d’un dégrèvement notable pour la consommation intérieure, à un véritable impôt de plus sur nos champs.

J’ai déjà fait remarquer l’une des particularités de ce marché : le monopole mondial que possédaient les Allemands et dont on retrouve tout au plus deux autres équivalents dans le monde minéral, pour deux substances d’un intérêt pratique infiniment moindre, les diamants du Cap et le platine de l’Oural (à peine concurrencé par la Colombie). Il est un autre point à retenir, c’est la facilité qu’offrent les gisements potassiques pour réaliser, si on le désire, aussi bien à Mulhouse qu’à Stassfurt, une production largement supérieure aux chiffres actuels. Dans les deux cas, on peut fournir beaucoup plus à une consommation mondiale croissante, avec des prix de revient très bas. Les deux grands centres potassiques présentent pourtant cette différence importante que Stassfurt possède une industrie ancienne, depuis longtemps organisée en grand techniquement et commercialement, tandis que l’industrie de Mulhouse est toute neuve. Les produits de Mulhouse, qui sont de qualité supérieure, ont donc besoin d’un peu de temps pour se faire leur place légitime.

Cette place ils ne sauront manquer de l’obtenir. Mais, dès que l’on envisage un avenir plus éloigné, on s’aperçoit combien