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où l’on fut arrêté. Mais à l’est de Terron, nous brisions cette résistance. Le 14e corps, par une de ses divisions (la 22e) enlevait Rilly-aux-Oies et atteignait la boucle de l’Aisne, et, par une autre (la 124e), emportait le village et les hauteurs de Voncq ; enfin, une division du 38e corps, franchissant l’Aisne, s’emparait de Falaise et progressait bien au delà.

Le 2, en dépit d’un temps fort défavorable, l’attaque se développa entre Falaise et l’Argonne. Après avoir, à Voncq, enrayé une violente contre-attaque, les soldats de Gouraud repartaient en direction de Le Chesne. L’ennemi déjà se repliait. On se jeta à ses trousses, nettoyant les massifs boisés à l’Ouest du ruisseau de Beaurepaire, refoulant ou écrasant les arrière-gardes. La ligne était portée à Semuy, à la rive Nord du canal, à la route des Alleux aux Quatre-Champs, à la Croix-aux-Bois, à l’Est de Longwé où l’on donnait la main aux Américains.

Ceux-ci s’étaient, le 1er novembre, ébranlés. Leur armée s’était, depuis une semaine, réorganisée. On avait, dit Pershing, « regroupé les forces pour l’assaut final, » et, ajoute-t-il, la confiance du soldat grandissait en face de l’évidente baisse du moral allemand. Le général Hunter Liggett attaqua entre Meuse et Argonne à 6 heures. Après une violente préparation d’artillerie, l’infanterie se rua sur la ligne et, en une heure, la brisa entre Champigneulles à l’Ouest et Treuilles sur Meuse à l’Est, et, en dépit du caractère tourmenté de cette région boisée, l’avance se fit soudain très rapide. Tandis qu’à droite, le 3e corps s’emparait (au Sud-Ouest de Dun-sur-Meuse) d’Aincreville, de Doulcon et d’Andevanne, le 5e enlevait, au centre, Landres-Saint-Georges, atteignait Bayonville et portait le front jusqu’à la route de Buzancy à Stenay, à 12 kilomètres du front de départ. Le lendemain, le 1er corps, à son tour, entra dans le jeu ; le magnifique succès de la veille avait encore surexcité les courages et « le mouvement, écrit Pershing, devint alors une ruée impétueuse dont rien ne pouvait briser l’élan. » En fait, l’Allemand cédait devant cette impétuosité et le front était, le 2 au soir, porté, entre la Meuse à l’Argonne, à Villers devant Dun, Barricourt, Buzancy, le Mort-Homme à l’Ouest duquel, à travers le dernier petit massif argonnais, Liggett se liait à Gouraud..

Foch, à son ordinaire, talonnait la victoire ; dès le 2, il avait