J’aborde ici un épisode qui a particulièrement ému le public en France et en Angleterre : la conclusion entre l’empereur Nicolas et l’empereur Guillaume d’un traité secret signé à Bjorkoe dans le courant de l’été 1905.
La publication faite en 1917 par le gouvernement révolutionnaire russe de ce traité et de la correspondance télégraphique échangée à son sujet entre les deux souverains, a donné lieu à beaucoup de controverses et a déjà fait naître toute une littérature ; quelques-uns des livres et des articles de journaux qui y ont trait sont manifestement tendancieux et chargent injustement l’empereur Nicolas du plus lourd de tous les forfaits, — celui d’avoir trahi son alliée, la France ; d’autres, empreints d’un esprit plus équitable, sont forcément incomplets et peuvent paraître insuffisamment convaincants, les auteurs n’ayant pas eu accès aux pièces mêmes du procès.
La signature du traité de Bjorkoe a eu lieu l’année qui a précédé mon avènement à la direction de la politique extérieure de mon pays et je n’ai joué dans cet épisode aucun rôle direct ; mais, en ma qualité de ministre des Affaires étrangères, j’eus la possibilité plus tard de m’informer minutieusement de tout ce qui s’y rapporte : je croirais faillir à un devoir
- ↑ Voyez la Revue des 1er juin et 1er juillet.