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CROISIÈRES AÉRIENNES

II [1]
FRONT DE FLANDRE


25 juillet 1917.

Dunkerque. Aux portes de la ville, au milieu des blés d’or et des pourpres coquelicots s’élèvent les nids de nos oiseaux semblables par leur camouflage aux grottes de quelque génie des forêts. Baraquements des mécaniciens, tentes légères des pilotes se serrent alentour en un factice village de bois et de toile.

Ce printemps, le groupe où je suis désormais attaché, participa aux attaques du Chemin des Dames pour lesquelles il quitta Verdun. Nous passerons les vacances ici, non loin de la mer. Sur quelle branche à l’automne bâtirons-nous notre nid, oiseaux perpétuellement migrateurs, au gré des offensives ? Point d’actions importantes sans notre concours : nous sommes les invités attitrés des plus belles fêtes, les spectateurs des avant-scènes du drame qui se joue depuis trois ans. « Les Cigognes » également conviées nous avoisinent sur le terrain, et déploient leurs blanches ailes tout au long des fuselages dorés. Partout des « As, » Guynemer souriant, cheveux au vent, rosette à la boutonnière ; Heurtaux à peine remis de ses blessures, appuyé sur sa canne comme sur un trépied ; Deulin, La Tour, Ortoli, Chaput au milieu de camarades légionnaires, médaillés, palmés. Les nouveaux n’ont guère de mine près de tant de héros.

  1. Voyez la Revue du 15 octobre 1917.