l’ancien régime, qui reprenaient la barre, apportaient aussi leurs passions. Le gouvernement marchait à leur remorque. Impuissant à se dégager de l’ancienne politique, il gouvernait avec ces hommes. La solide armature prussienne se remettait de son ébranlement passager. Noske pour les militaires et l’ordre intérieur, Brockdorff-Rantzau pour les relations extérieures, étouffaient tous leurs autres collègues, socialistes de parade, rêveurs et discoureurs, tout éberlués de leur ascension si subite et se tenant bien sages au milieu des Comtes et des Excellences qui constituaient le personnel de leurs ministères. Le calme régnait à Berlin. Les soldats y circulaient nombreux et parfaitement tenus ; tous les irréguliers, tous les débraillés avaient disparu. Les officiers reportaient la tenue. L’impression sur l’Allemagne fut profonde.
Pendant tout ce temps, des émeutes avaient éclaté en Bavière, en Saxe, à Dusseldorff, à Brunswick. Partout les troupes prussiennes étaient arrivées et avaient rétabli l’ordre, sans douceur. La forte discipline prussienne avait une fois de plus mis à néant les menées révolutionnaires. Le péril communiste était écarté et la Prusse en recueillait le profit. Les tendances séparatistes en reçurent un coup sérieux. Le gouvernement prussien saisissait le moment d’intervenir. A la Chambre prussienne le 23 avril, le ministre de l’Intérieur Heine attaquait violemment les guelfes du Hanovre qu’il accusait de trahison envers l’Allemagne, voulant oublier que trois mois auparavant c’était un ministre prussien qui avait rédigé un projet de Constitution fédérale de l’Allemagne, dont le Hanovre formait un des Etats. Sans doute le député guelfe Bierter répondait que son pays combattrait malgré la Prusse et contre la Prusse, aussi longtemps qu’il le faudrait pour être délivré du drapeau noir et blanc. Mais sa voix demeurait sans écho.
La Saxe, que nous avons vue la première lever l’étendard de l’indépendance, effrayée des révoltes et des assassinats de Dresde, se taisait. La Bavière était terrassée par la violence du mouvement qui avait suivi la mort d’Eissner et de la répression qui l’avait châtié. L’assemblée de Weimar discutait en ce moment l’article 18 de la future Constitution qui devait remplacer l’article 11 du projet gouvernemental, dont nous avons parlé, et exigeait de telles conditions à remplir pour une séparation