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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/932

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de 31 à 28 pour cent. C’est un résultat bien caractéristique.

M. le préfet Mirman n’avait donc pas tort lorsqu’il s’écriait, en recevant le 19 novembre, jour anniversaire de la délivrance, à l’hôtel de ville de Metz, les maréchaux Foch et Pétain, que les huit premiers députés de la Moselle seraient les interprètes fidèles de l’unanimité des populations libérées quand ils viendraient jurer à la tribune de la Chambre amour et reconnaissance à la France. Les acclamations dont la foule, énorme en dépit de la pluie, a salué les généraux vainqueurs, plus vibrantes qu’en 1918 parce que des sanglots ne s’y mêlaient plus, ont attesté que le préfet disait vrai.


Qu’on permette toutefois à un témoin de signaler qu’en portant leurs suffrages en masse sur la liste de l’Union républicaine, les Lorrains n’ont pas voulu faire seulement une manifestation française. On s’exposerait à des malentendus redoutables si l’on imaginait que, dans leur ardeur à proclamer leur joie du retour à la patrie, ils ont abandonné le souci des revendications qu’ils jugent légitimes. Après les déclarations patriotiques que nous avons citées, la profession de foi des candidats élus renfermait un programme positif. C’est ce programme surtout qu’ils ont développé au cours des réunions intimes tenues par eux dans les campagnes et qui fut accueilli, notamment par la région de langue allemande, avec une extrême faveur. M. Schuman l’a résumé dans un article d’une précision parfaite qu’ont publié tous les vieux journaux messins. Il faut le connaître. Il est en effet certain que les députés de la Moselle en poursuivront l’application, d’autant plus énergiquement qu’ils n’ont plus à craindre désormais de voir dénaturer ou suspecter les sentiments de leurs commettants.

M. Schuman estime qu’il est possible et désirable d’introduire en Lorraine dès maintenant le Code pénal français et dans un avenir très proche le Code civil et les lois fiscales. D’autres lois sont inapplicables : on ne peut par exemple, dans l’état présent des esprits, ni toucher au Concordat ni modifier l’organisation confessionnelle de l’école publique. Sur quelques points même, l’introduction de la loi française serait le contraire d’un progrès : les Lorrains réclament le maintien des mesures de solidarité sociale qu’ils doivent au régime