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minutes d’arc) s’il était cent fois plus loin, etc… En un mot, la parallaxe, cet angle par lequel les astronomes ont l’habitude de définir la distance d’un astre, est d’autant plus petite que cette distance est plus grande.

C’est donc par une méthode analogue à celle des arpenteurs qu’on a mesuré la distance des astres les plus rapprochés. Par exemple, pour la lune on a pris comme base la distance qui sépare deux points suffisamment éloignés de la surface terrestre (l’un, en France, l’autre en Amérique).

Il est clair que la mesure est d’autant plus exacte que la base est plus grande. Pour mesurer la distance du soleil et des planètes nos voisines, les bases utilisables sur la terre (et dont la plus grande est évidemment égale au diamètre de la terre, soit environ 12 000 kilomètres) ont été suffisantes. Il n’en a plus été de même lorsqu’on a voulu apprécier la distance des étoiles. Il est aussitôt apparu que celles-ci étaient infiniment plus loin de nous que le soleil. Même en visant simultanément les plus brillantes d’entre elles, de deux points situés aussi loin que possible l’un de l’autre sur la terre, les positions des deux lunettes de visée se trouvaient absolument parallèles, dans la limite des erreurs d’observation. C’est-à-dire que la distance des étoiles était pratiquement infinie par rapport aux dimensions de la terre et qu’il fallait chercher une base plus grande pour les mesures.

On a trouvé cette base plus grande en visant les étoiles à six mois d’intervalle, c’est-à-dire lorsque la terre est à deux extrémités du diamètre de son orbite autour du soleil, c’est-à-dire en prenant pour base de la triangulation ce diamètre lui-même. Comme il est égal à environ 300 millions de kilomètres, la nouvelle base se trouvait près de 30 000 fois plus grande que la plus grande base terrestre.

C’est ainsi qu’on a réussi pour la première fois à mesurer les parallaxes, c’est-à-dire les distances de quelques étoiles.

Et encore, malgré l’énormité de cette base, la parallaxe, l’angle qui joint l’étoile aux extrémités de la base se trouvait tellement petit qu’il a fallu toute la précision des méthodes et des instruments astronomiques modernes pour le déceler.

La parallaxe de l’étoile la plus rapprochée de nous est un angle inférieur à une seconde d’arc. Or qu’est-ce qu’un angle d’une seconde d’arc ? c’est un angle sous lequel on voit deux objets lorsque la distance à laquelle on les regarde est 200 000 fois plus grande que celle