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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 55.djvu/462

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situation et leurs dispositions relatives. Il en est de même dans l’étude de l’immense organisme stellaire dont nous faisons partie… La connaissance de la distance des étoiles est essentielle pour la détermination de ses autres données, de sa position, de sa vitesse, de sa luminosité, de sa masse, etc. C’est pourquoi on peut dire, comme l’écrivait naguère l’astronome hollandais Kapteyn, que le problème de la structure actuelle de l’univers est le problème des distances stellaires.

Quelles sont les méthodes permettant de mesurer, malgré leur énormité, ces distances ; comment ces méthodes se sont depuis peu singulièrement enrichies et développées, c’est ce que j’examinerai d’abord. J’indiquerai ensuite les résultats étonnants auxquels ces méthodes ont conduit, et qui ne paraîtront plus invraisemblables, malgré leur caractère presque féerique, puisqu’on en aura compris la genèse.

La distance des astres les plus rapprochés se mesure par une méthode identique en principe à celle qu’emploie un arpenteur lorsqu’il veut mesurer l’altitude d’un point difficilement accessible, comme le sommet d’un clocher.

Que fait pour cela l’arpenteur ? Il vise le sommet du clocher au moyen d’une petite lunette en se plaçant successivement à une certaine distance de part et d’autre du clocher. Un niveau dont est muni l’instrument permet de connaître les deux angles faits successivement par la ligne de visée avec l’horizontale, et il suffit de connaître la distance des deux points d’où les visées ont été faites et qu’on appelle la base pour en déduire facilement l’altitude du sommet du clocher. L’angle que fait le sommet du clocher avec les deux positions successives de l’opérateur est ce que les astronomes appellent la parallaxe du clocher.

Prenons un exemple : considérons deux observateurs placés à une certaine distance l’un de l’autre et visant un objet placé à la même distance de chacun d’eux, de telle sorte donc que l’objet et les deux observateurs forment les sommets d’un triangle équilatéral. L’angle au sommet d’un pareil triangle est, comme chacun sait, égal à 60 degrés (2 tiers d’angle droit). La parallaxe de l’objet par rapport aux observateurs sera donc de 60 degrés. Si l’objet était dix fois plus loin la position des observateurs ne changeant pas, sa parallaxe ne serait plus que de 6 degrés ; elle ne serait plus que d’un sixième de degré (dix