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À la distance qui est celle de ce petit amas d’étoiles, — je veux dire, en employant cet adjectif, qu’il est petit pour nos sens, même aidés des plus puissants instruments, — une étoile qui aurait l’éclat réel de notre soleil serait une étoile de vingtième grandeur seulement et n’apparaîtrait pas sur les clichés photographiques pris avec les plus puissantes lunettes et qui nous montrent les étoiles de cet amas, lesquelles sont notablement plus brillantes. Je rappelle à ce propos que ce qu’on appelle la grandeur d’une étoile est une mesure conventionnelle de son éclat apparent exprimé par un nombre d’autant plus grand que cet éclat est plus petit. Ainsi une étoile de dixième grandeur est moins brillante qu’une étoile de neuvième, etc.

Le rapport des éclais de leurs grandeurs stellaires successives est d’environ deux et demie. Cela veut dire qu’une étoile de dixième grandeur est environ deux fois et demie plus brillante qu’une étoile de onzième grandeur, etc.

Toutes les étoiles de l’amas considéré, visibles sur les clichés sont donc beaucoup plus lumineuses que le soleil. Les moins brillantes d’entre elles le sont cent fois plus que lui et certaines sont des étoiles géantes dont chacune équivaut à plus de mille fois notre soleil par la lumière qu’elles émettent.

À côté de ces lampadaires éblouissants qui éclairent là-bas, tout au fond de l’espace, les solitudes glacées de l’infini, notre soleil n’est plus qu’un pâle et médiocre lumignon. Mais il ne faut point trop le dédaigner pourtant, puisque c’est à lui qu’est suspendue la vie terrestre et la plus noble de ses manifestations : la pensée.

Charles Nordmann.