La série des opérations électorales qui occupent la France depuis
deux mois est enfin à la veille de s’achever. C’est le 17 janvier qu’aura
lieu la dernière en date et la plus éclatante des élections. Le Congrès
qui se réunira ce jour-là dans Versailles nommera le successeur de
M. Raymond Poincaré à la présidence de la République. Par une
rencontre exceptionnelle de circonstances, tous les pouvoirs élus de
notre pays ont eu besoin d’être renouvelés en même temps. Les
Assemblées sans exception, législatives, municipales, départementales, avaient dépassé la durée de leur mandat et en raison de la
guerre avaient été prorogées. Seul le Président de la République a
jusqu’à la fin tenu son pouvoir de l’application régulière de la Constitution. Élu pour sept années en 1913, il reste légalement en
fonctions jusqu’au 17 février 1920. Mais la date même où son septennat se termine place l’élection présidentielle immédiatement
après les autres scrutins. En huit semaines, la France se trouvera
ainsi avoir exercé complètement sa souveraineté et nommé tous ses
représentants. Le régime électif qui est le nôtre a fait ici paraître
son fort et son faible. Il a permis à la nation d’exprimer après un
grand événement historique son opinion et sa volonté, et cette consultation générale s’est accomplie avec calme et avec rapidité. Mais
il a certainement aussi pesé sur notre vie publique depuis l’armistice, et personne ne pourrait assurer que la perspective d’élections
multiples a facilité au cours de l’année écoulée la continuité des
efforts et la conception des longs desseins. La Chambre nouvelle,
malgré ses bonnes intentions, a été amenée nécessairement à ne
faire qu’un début. Le travail politique ne commencera réellement
que lorsque toutes les procédures électorales seront terminées.
Les élections sénatoriales viennent d’avoir lieu le 11 janvier : le