Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 55.djvu/481

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’impôt dit cédulaire. Ces lois ont donné bien des déceptions. On attribue ces mécomptes à l’insuffisance du personnel, et à la complication des taxes. En fait, l’impôt sur le revenu a été jusqu’à présent un système inefficace et qui semble peu accordé à nos mœurs. Le Parlement qui, en pleine guerre, a cru devoir bouleverser tout un système fiscal qui avait fait ses preuves et qui avait tant de clarté, a obéi à des préférences politiques plutôt qu’à une idée bien définie. On est en droit de se demander aujourd’hui si la raison ne consisterait pas à revenir à ce système, en y faisant les modifications légères qui pourraient être utiles. M. le ministre des Finances doit exposer ses projets de taxes nouvelles dès la rentrée des Chambres. Le gouvernement se trouve dans une de ces conjonctures où la politique oblige à des impopularités nécessaires. Jamais un impôt n’est bien accueilli : s’il est de bons impôts, il n’en est pas de délicieux. Un gouvernement trop sensible aux réclamations qui ne manquent jamais de se produire de la part des groupements intéressés, se condamne à des changements continuels. Son rôle est de réfléchir avant de se décider, et de faire ensuite un énergique appel au Parlement. La Chambre nouvelle le soutiendra. Elle a vivement applaudi M. le ministre des Finances quand il a affirmé la nécessité pour l’État de comprimer sérieusement ses dépenses, pour tous les citoyens de se restreindre, et de contribuer, par un effort de volonté et de moralité personnelles, à améliorer le sort de tous. Tout ministère qui saura ce qu’il veut et qui proposera une politique financière ordonnée trouvera certainement auprès d’elle un appui solide. La situation présente de notre trésor public est de nature certes à faire réfléchir, mais non à inspirer le pessimisme. Toutes les nations souffrent en ce moment de budgets en déficit, de crises économiques et parfois de crises sociales. La nôtre a toujours montré une vitalité qui a été souvent admirée à l’étranger. Après les guerres de l’Empire, après la guerre de 1870, elle a eu un élan économique plein de force. Le pays par les élections et la Chambre nouvelle par ses premiers débats ont montré leur volonté de considérer virilement les faits dans leur vérité, de vivre, de travailler, et d’inspirer ainsi la confiance d’où naît le crédit.


Les affaires d’Orient demeurent très obscures et les nouvelles rares que nous en avons ne font pas prévoir que la situation soit près de s’améliorer. M. Clemenceau et M. Lloyd George s’en sont fort préoccupés à Londres le mois dernier : ils doivent s’entretenir