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l’orientation décisive et tout l’avenir du pays ? Et puis comment ne mettrions-nous pas tout notre espoir, per fas et nefas, dans cette admirable force de rebondissement que la France, aux heures les plus tragiques de son histoire, a toujours su trouver en elle pour sortir victorieuse de l’épreuve ?

Ce qu’il faut bien qu’on se dise, c’est qu’il n’existe pas, pour restaurer nos finances, de formule secrète, de recette magique, il n’y a pas à compter sur un miracle : le miracle, c’est nous qui le ferons. La fortune des Etats, disait un ministre de Napoléon, se gouverne par les mêmes principes que celle des particuliers. Dépenser moins, percevoir davantage, c’est le seul moyen de rétablir l’équilibre budgétaire. Haussons nos impôts, assainissons au plus tôt par de grands emprunts intérieurs notre situation monétaire et notre trésorerie ; mais ce n’est pas assez, il nous faut encore l’économie, et par ce mot économie nous entendons ici le respect des bonnes règles financières aussi bien que la restriction des dépenses. Hâtons-nous ; n’oublions pas ce mot terrible de Luzzatti : « Les démocraties périssent par les finances ! » Puisse l’ouvrier de notre salut financier ne pas arriver trop tard, et se trouver réduit à dire, comme fit Gaudin, sous le Directoire, à Siéyès qui lui offrait le portefeuille des Finances : « Là où il n’y a ni finances ni moyen d’en faire, un ministre est inutile. »

De cet effort d’économie, autant que de l’effort fiscal, dépend l’avenir de notre crédit. Nous avons besoin de l’aide financière de nos Alliés. Nous y avons droit, parce que c’est la France qui a le plus souffert de la guerre, et qui pendant deux ans a porté à peu près seule le poids de la lutte et sauvé par sa résistance la civilisation occidentale. Mais pour obtenir d’eux cette aide nécessaire, témoignons que nous en sommes dignes, en faisant la preuve de notre force de relèvement, de notre aptitude à ménager comme à développer nos ressources. On ne prête qu’aux riches : oui, à ceux qui sont riches en énergie, en sagesse. Tels nous sommes, au vrai et au fond ; montrons-nous donc tels, car sans ordre et sans économie, il n’y a ni confiance ni crédit.

Ces vérités essentielles qui font les bonnes finances, il n’y a que l’opinion, — et c’est à elle que nous devons faire appel en dernier ressort, — qui puisse en imposer le respect aux pouvoirs publics et l’application au « ménage » de l’État. Cette