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donc, au reçu de cette lettre, de m’envoyer ce que je demande. Sache que mon frère m’a écrit une lettre et qu’il est parti. J’embrasse tous ceux de la maison, j’embrasse Apollinarius, Valerius, Geminus, j’embrasse tous les amis. »

Mieux valait évidemment pouvoir se suffire à soi-même et posséder quelques petits revenus personnels. C’est ce que le système de recrutement adopté pour l’Egypte rendait assez habituel.


Au début de la période impériale, les légions se recrutaient dans les pays les plus civilisés, ceux où le nombre des citoyens romains était considérable, l’Italie et les provinces occidentales comme la Gaule et l’Espagne. Puisque nul ne pouvait entrer dans les légions sans posséder le droit de cité, il était tout naturel qu’on fit appel pour les compléter aux régions où la population romanisée offrait une certaine densité. Les recrues étaient ensuite réparties entre les différents corps d’armée. Mais les guerres civiles qui précédèrent l’avènement des Flaviens montrèrent à l’évidence les dangers de cette méthode : les Italiens apportaient au service des passions étrangères, prenaient parti pour les prétendants à l’Empire, devenaient des éléments de trouble dans des corps qui n’auraient dû s’occuper que de la défense des frontières. Comme il arrive toujours, la politique jetait le désordre dans l’armée et, par l’armée, dans l’Etat. D’autre part, les provinces se transformaient peu à peu à l’image de Rome, et le nombre des habitants dotés du droit de cité allait chaque jour en augmentant. La dynastie flavienne commença à tenir l’Italie à l’écart du recrutement légionnaire et, pour combler les vides, décida d’ajouter aux recrues venues d’Occident celles, que l’Orient pouvait fournir.

En outre, l’empereur s’avisa que, puisqu’il avait le privilège d’accorder le droit de cité à qui bon lui semblait, il pouvait en profiter pour simplifier le recrutement et pour introduire dans la troupe ceux des provinciaux qui lui paraissaient le plus aptes à y prendre place. Il suffisait dès lors de s’engager dans une légion pour devenir citoyen ; l’inscription au corps ne dépendit plus du statut légal du conscrit ; elle le lui conféra, elle devint génératrice de citoyens romains. Par la force même