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en outre, les dragues de notre escadre ont toujours été à la disposition de la Marine italienne, qui s’en est servie pendant toute la guerre.

On voit par-là que l’intervention de l’Italie n’a pas déchargé la France et l’Angleterre de la garde de l’Adriatique, à laquelle leurs marines ont continué à coopérer, mais a seulement allégé cette charge pour elles. En fait de grosses unités, la nouvelle répartition de forces navales, à laquelle il a pu être procédé en Méditerranée à la suite de cette intervention, s’est traduite en définitive par la récupération de deux cuirassés[1]. Elle a permis toutefois de récupérer un nombre plus considérable de petites unités, dont l’emploi, au cours de la guerre, a été notablement plus actif que celui des grandes, et c’est par-là que les marines anglaise et française en ont le plus profité.

La marine française n’en a pas moins affecté au service italien une division de 13 contre torpilleurs qui sont pestes attachés à Brindisi jusqu’en juillet 1918. Pendant les trois ans et deux mois qu’a duré leur affectation à ce port, ils ont exécuté les services les plus durs, susceptibles d’entraîner le plus d’usure et comportant les plus grands risques de torpillage, tels que la garde du barrage d’Otrante, qui a incombé presque uniquement aux Anglais et aux Français, en vertu d’une convention spéciale passée avec l’amirauté italienne. Pendant longtemps aussi, notre division de Brindisi a seule assuré le service d’escorte entre Tarente et Salonique, même lorsque les transports escortés étaient chargés de troupes et de matériel italiens.

Ces services ont pesé d’autant plus lourdement sur’ la marine française qu’elle assumait, d’autre part, la protection de la plupart des lignes commerciales méditerranéennes. La marine italienne n’a en effet assuré que la protection des convois de Gibraltar à Gênes, qui intéressaient directement l’Italie et quelques escortes entre Tarente et Salonique. Elle n’a pas concouru à protéger les autres routes maritimes. En réalité, elle a eu le souci de maintenir disponible sa flotte de contre-torpilleurs, en vue d’événements qui ne se sont pas produits, ou ne se sont produits que très rarement, tels que sorties ou raids des

  1. Puisque pour 4 croiseurs et 6 cuirassés détachés de l’Armée navale française au profit des Dardanelles, 4 croiseurs et 4 cuirassés anglais ont été retirés de l’escadre alliée des Dardanelles au profit de l’Adriatique.