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(Passy, 14-16 août 1846).

Vendredi, 14 août.

Mon pauvre Évelin, j’ai fait remettre ma place du 21 pour le 30 ; ainsi je ne serai que le 2 septembre à Mayence, ou à Creulznach, si vous y êtes encore.

Il fallait de la folie, pour espérer avoir terminé ce que j’ai à faire, pour le 21. Or, hier, mes épreuves n’étaient pas prêtes au Constitutionnel et ce retard d’un jour m’a fait voir qu’il fallait au moins quinze jours pour terminer les Parents pauvres. J’ai bien mûrement examiné ma situation hier, et la voici résumée. Voici les travaux que je ferai cet hiver, c’est-à-dire d’octobre à avril [1847], temps que nous passerons ensemble. Je dois encore, en bloc, soixante mille francs. J’ai à faire : Histoire de parents pauvres [six mille francs], pour le Constitutionnel : Dernière transformation de Vautrin [trois mille cinq cents francs], pour l’Epoque : Adam le Rêveur [deux mille cinq cents francs] ; [et] les Paysans pour la Presse ; les Petits Bourgeois, [à terminer] pour le Journal d[es] Débats [Enfin] Une mère de famille, pour je ne sais pas encore quel journal. Le prix en librairie des Parents pauvres, de Vautrin, d’Adam le Rêveur, payera la Ch[ouette]. Le prix de ces trois choses-là aux journaux payera le deuxième terme de ma mère, Buisson, et me fera vivre jusqu’en octobre, en payant tout [ici], rue Basse, loyer, ménage, etc… Maintenant, les Paysans, les Petits Bourgeois, une Mère de famille, et le règlement de la Com[édie] hum[aine], font cinquante mille francs qui soldent (les créances [de]ma mère, [de] Mme Del[annoy], de Dabl[in], [de] Fessart, etc.. Tu vois qu’avec de pareils travaux je ne quitterai pas le cabinet où je travaillerai près de toi. C’est gigantesque de résultat et de volonté. Mais j’y arriverai d’octobre 1846 à avril 1847. En mai, le jour de ma naissance, je ne devrai pas une obole, et je serai à la tête d’un certain capital. Il faut donc ajourner toute acquisition immobilière jusque-là, et il faut que je nous trouve un appartement à habiter trois ans. En 1847, si je veux acheter, ou nous bâtir, quelque maison, nous aurons le temps et l’argent. J’ai besoin d’un an de travail encore pour terminer le payement de mes dettes, et je suis sûr, en six autres années, d’avoir par moi-même une belle fortune, car je vivrai simplement, comme j’ai vécu ces six dernières années.