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Il faut encore trois ou quatre mille francs à M. Fessart pour tout terminer, et il faut quatre mille francs à ma mère, puis environ trois mille dans mon petit ménage et les sept mille de la Ch[ouette], qui me fait tourner la tête. Elle m’en parle tous les jours. Je lui ai déjà remis cinq cents francs pour ses acquisitions de linge, car elle se fait son ménage dans le cas d’Elsch[oët], comme dans le cas du bureau de pap[ier] timbré.

Je suis au désespoir de ce retard de neuf jours ; mais crois bien que je ne peux pas quitter Paris sans avoir livré les Deux musiciens au Constitu[{tionnel], car il faut payer ma mère et trois mille francs ; ci : sept mille francs. Je n’aurais eu aucune tranquillité dans ce voyage, si je ne terminais pas ces affaires (avant mon départ]. C’est encore un tour de force que de faire [en seize jours] ce que j’ai à faire. Je ne dispose pas des ouvriers du Constitutio[nnel] comme je disposais des ouvriers de Pion. Ils mettent trois jours à faire ce que ceux-là me faisaient dans une journée, et il m’a fallu calculer les retards. J’ai eu trois jours de perdus à cause de la maladie de Ch[ouette]. Non, je suis d’une tristesse mortelle ; mais rien ne m’empêchera de partir le 30. J’ai là ton mantelet et toutes les affaires.

Adieu, pour aujourd’hui. A demain. Il faut que je travaille [dorénavant] à dix-sept heures par jour.


Jeudi [20 août].

Hier, louloup, je me suis habillé, mais conséquemment, et je suis allé dîner chez le Girardin. Ce petit parvenu deviendra décidément un personnage. Le voilà qui a fait arriver à la Chambre : primo, Sallandrouze, un marchand de tapis ; secundo, Blanqui ; tertio, Teisserene et quelques autres. Il sera à la tête de quelques voix [et] il sera bien nécessaire, par son journal et par ses voix. Je lui ai dit en riant : « Mais vous allez faire un parti Girardin. Vous aurez bien cinq à six voix ? — Dites donc soixante, m’a-t-il dit, et vous verrez les soixante ce soir. Il y aura un parti de conservateurs-progressistes. »

Étaient du diner : le général Delarue, qui sera quelque jour ministre de la Guerre, le fils de celui de Vienne, d’Haubersaert, conseiller d’Etat, député, Blanqui, Nestor Roqueplan, le directeur des Variétés, le grand électeur de la Creuse un