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périssable des astres et des éléments chimiques eux-mêmes à celle des êtres vivants, est une hypothèse sur la genèse des étoiles qui repose sur l'étude simultanée de leur composition chimique et des différences de température qu'elles présentent.

J'ai déjà parlé maintes fois du spectre des étoiles, de cette petite bande présentant toutes les couleurs de l'arc-en-ciel en laquelle le spectroscope étale leur lumière blanche, et où les petites raies noires qu'on distingue caractérisent, par leur position dans le spectre, les divers éléments chimiques de l'étoile. Si on examine les spectres d'un grand nombre d'étoiles, on constate entre eux des différences. Dans certaines étoiles blanches, et notamment celles de cette magnifique constellation d'Orion qu'on observe en ce moment vers le Sud, chaque soir de beau temps, le spectre n'est guère sillonné que d'un petit nombre de raies noires, celles qui caractérisent l'hydrogène et l'hélium (ce gaz découvert dans le soleil précisément par sir Norman Lockyer, dès 18G9, vingt-six ans avant d'être trouvé sur la terre). Les raies des métaux sont, dans ces étoiles, absentes ou à peine visibles. Dans une autre catégorie d'étoiles dont font partie notamment Sirius, cette reine scintillante de nos nuits d'hiver, et Véga, l'astre capilal de la constellation de la Lyre, les raies de l'hélium sont plus faibles, celles de l'hydrogène, au contraire plus intenses, ce qui semble indiquer que ce dernier gaz constitue en majeure partie l'atmosphère de ces étoiles ; les raies des métaux y sont, en outre, bien plus nombreuses et intenses que dans les étoiles du groupe précédent.

Puis dans une autre catégorie d'étoiles dont font partie Arcturus, la belle étoile du Bouvier, Capella du Cocher et notre soleil lui-même, les raies des métaux et notamment du fer et du titane sont extrêmement intenses et nombreuses. Enfin on observe une dernière catégorie spectrale d'étoiles, ce sont des étoiles de couleur généralement rouge comme Alpha de la constellation d'Hercule et Antarès, où les raies métalhques sont encore beaucoup plus marquées et où, en plus des raies appartenant à des éléments chimiques, toutes observables dans les classes précédentes d'étoiles, on observe les raies de plusieurs corps composés et notamment des oxydes de certains métaux et du cyanogène. En résumé, à mesure qu'on passe des étoiles du type d'Orion aux étoiles à cyanogène, le nombre et la complexité des raies spectrales, c'est-à-dire des corps chimiques manifestés par le spectre, augmentent en mettant en évidence la présence de métaux de plus en plus lourds jusqu'à ce qu'arrivent enfin, au bas de l'échelle stellaire, les molécules pesantes et complexes des composés chimiques.