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comment finit la guerre.

comme la base d’opérations dont elle ne devait pas se laisser couper. Or les communications avec Anvers étaient immédiatement menacées par des forces supérieures ; l’armée française était hors d’état de lui porter secours avant le 23 ou 24 et l’armée anglaise commençait à peine ses débarquements vers Maubeuge ; on conçoit donc que l’armée belge, ne pouvant conserver ses positions sur la Gette, se soit repliée sur Anvers, où elle espérait conserver intactes, à l’abri des fortifications de Brialmont, ses forces importantes, tout en retenant hors des opérations des effectifs ennemis à tout le moins équivalents aux siens. Tout en comprenant cette résolution, il faut regretter que les 6 divisions d’armée n’aient point retraité lentement sur la Sambre ou sur la Meuse, où elles eussent été d’un secours précieux et peut-être décisif. Mais l’unité de commandement manquait aux armées alliées. Le chef n’est point là, qu’elles attendront de longues années, qui seul connaît la situation générale et peut régler pour le but commun les efforts de tous, en ayant su d’abord inspirer à chacun cette conviction profonde que les forces et les intérêts sont pesés dans une juste balance ; c’est seulement après de pénibles épreuves que les gouvernements ont enfin aperçu le seul moyen de jouer la terrible partie qui leur était imposée : mettre toutes les cartes dans une même main, bien choisie.

Namur, dont un régiment français est accouru renforcer la garnison, est attaqué les 21 et 22 par l’artillerie lourde allemande des plus gros calibres et les 305 autrichiens, qui opéraient en Belgique depuis quinze jours, alors que la déclaration de guerre de l’Autriche-Hongrie à la Belgique a eu lieu le 22 août. Namur tomba le 23.

La gauche des Alliés était attaquée par l’armée von Bülow (200 000 h.) et l’armée von Kluck (230 000 h.), cependant que l’armée saxonne von Hausen (120 000 h.) arrivait sur la Meuse vers Dinant. L’armée Lanrezac est tardivement renforcée par un corps d’armée qui prolonge sa gauche, deux divisions d’Afrique qui renforceront les deux corps déjà établis sur la Sambre, et le groupe de divisions de réserve Valabrègue, dont une division va relever sur la Meuse le 1er corps d’Espérey et le rendre à la bataille face au Nord. Elle compte alors 280 000 hommes. L’armée anglaise (4 divisions d’infanterie, une division de cavalerie — 70 000 h.), concentrée le 21, se