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comment finit la guerre.

reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée. »

LA BATAILLE DE LA MARNE ET LA COURSE À LA MER


C’est dès le 5 que la 6e armée Maunoury, sur l’ordre du général Galliéni, approuvé par le général Joffre, engage la bataille de l’Ourcq. Elle couvre Paris en faisant face au Nord et au Nord-Est ; elle se redresse dans cette journée autour de sa droite pour faire face à l’Est, en bousculant devant elle les arrière-gardes de von Kluck. Le lendemain 6 est le jour fixé pour l’attaque générale. Von Kluck rappelle vers le Nord deux corps d’armée qui faisaient face à l’armée anglaise dans la région de Coulommiers ; il a une forte supériorité numérique devant la gauche du général Maunoury qui plie légèrement, et il a échappé au danger de l’enveloppement. Le 7 et le 8, la lutte devient très rude sur cette partie du champ de bataille ; le général Galliéni y envoie des renforts en utilisant les auto-taxis réquisitionnés dans Paris ; des alternatives de succès et de revers, des mouvements inquiétants de va-et-vient font envisager au général Maunoury la nécessité d’organiser une position de repli derrière la gauche, pour ne pas être tourné à son tour. Le 9, trois nouveaux corps d’armée allemands l’attaquent avec violence ; une colonne de 15 000 hommes débouche sur ses arrières et va forcer sa gauche à se replier. Mais le général Joffre lui annonce le succès des autres armées et le général Maunoury ordonne de reprendre l’attaque, coûte que coûte. Il progresse, surtout par sa droite, en liaison avec l’armée britannique, et il lance dans la nuit un ordre d’offensive générale pour la journée du lendemain.

Von Kluck n’avait attaqué que pour masquer sa retraite, car le maréchal French, marchant du Nord au Sud, menaçait de tourner sa gauche : l’avance française ne rencontre plus que les arrière-gardes allemandes, et la poursuite commence pour ne s’arrêter qu’au Nord de l’Aisne.

L’aile droite de l’armée anglaise était reliée à la 5e armée d’Espérey par le corps de cavalerie Conneau, qui n’avait pas de force offensive suffisante pour entamer l’action. On ne peut s’étonner que le débouché de sir John French ait été un peu lent au début. Les Allemands, en jetant devant lui les corps de