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me soustraire à bien des ennuis ; sexto [enfin, parce] que je ne peux pas quitter sans que cette maison soit close, et gardée, etc.

Maintenant, ne t’inquiète pas du voyage ; tu le feras en parfaite santé, car je te magnétiserai depuis Leipsick jusqu’à Paris, et tu n’auras pas une douleur, je te le promets. Je suis en ce moment, par suite de mes travaux et de ma chasteté, d’une énorme puissance magnétique, et je suis sûr de ma santé. Il faudra quitter Dresde par un premier convoi du malin, afin qu’on ne te voie pas trop.

A dater du 27 de ce mois, je ne t’écris plus. Je t’écrirai le 26 une dernière lettre, que tu recevras le 30. Ma place sera retenue pour le 1er décembre. Il faut calculer par ce temps-ci cinq jours pour aller de Paris à Leipsick. Je, serai à la Stadt-Rom, l’auberge qui est presque contiguë au chemin de fer. Je n’aurai pas d’autre paquet qu’une malle, et nous continuerons aussitôt vers Paris, où j’aurai retenu pour moi, un appartement à l’hôtel- Sénet, rue du Faubourg-Saint-Honoré, à quelques pas de notre maison. Ce sera si ponctuellement exécuté que ma place à Francfort va être retenue.

Il y a longtemps-(je reprends) que je me &uis aperçu de ta vieille jeunesse, et plus tard, dans un an, l’esprit, un peu secoué par les contrariétés, re[de]viendra jeune et follement gai, comme dans ton jeune âge, lorsque tu sauras ce qu’est le bonheur sans un nuage.

Je me suis voué à toi, à ton plaisir, à ton âme, à ta personne ! Mais c’est bien facile [à remplir], cette charmante tâche, car il y a longtemps que je suis amoureux fou de toi, de ta chair si tu veux ; et, à Francfort, cette adoration a décuplé. Je ne t’avais jamais vue si belle, ni si bien à mon aise. Sois, tranquille, mon loup adoré, tu as ; la beauté prisée, la beauté rare, ce- qui fait le mari fidèle. Je serais sans excuse !

Vraiment, tu es mon rêve, mon rêve le plus ambitieux réalisé ! Tu ne sais pas, toi, diamant perdu dans un désert, tout ce que tu vaux, [car] tu ne t’étonnerais pas [alors] de mon adoration sans bornes. Ah ! quel plaisir pour moi de répéter que ambition, orgueil : , esprit, intelligence, monde (vanité même ! ), volupté, charme, tu satisfais à toutes ces exigences. Il y a dans la Cousine Bette bien des lignes dictées par toi. Les reconnaîtras-tu ? Oui ; ton cœur battra ; tu te diras : « Ceci a été écrit pour moi. Je suis ce qu’il démontre être la rareté