Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 56.djvu/632

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’espace est tranquille :
Le mont Sainte-Odile,
Géant monacal, bénit l’horizon.

Son âme voyage
Sur le paysage,
Sur chaque sapin et chaque maison :

A peine une haleine,
Qui me frôle à peine,
Comme une fumée ou comme un encens ;

Mais on sent en elle.
Si suave et frêle.
Fraternels un peu, des anges présents.


NIEDERMUNSTER


Dans ce joli vallon bordé d’acacias,
Le Passé se promène à pas pensifs et las.

L’air est comme imprégné d’une mystique essence,
Et mon rêve inspiré se nourrit de silence.

L’église a succombé sous les âges trop lourds,
Sauf son portail roman et ses deux larges tours.

L’orgueil des chapiteaux dans l’herbe s’humilie :
La crypte sans mystère est par le jour emplie.

Où les moines jadis inclinaient leur front ras,
Le lierre et la ronce entremêlent leurs bras.

Sur les frêles rinceaux de la pierre trop tendre,
Songe la scabieuse et court la salamandre.

Ruine et majesté ! La beauté clame ici
Son plus grave plain-chant et son plus doux aussi.

Saints débris, veloutés d’ombres mélancoliques,
Vous parlez à mon cœur ainsi que des reliques !
 
Le temps n’a fait qu’accroître encore vos vertus,
Et vous restez puissants, de mousse revêtus !