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de l’impartialité dont nous venons de parler ? Comment empêcher que le capitaine du pétrolier marque sa préférence secrète pour un parti en refusant à l’autre de le ravitailler ? Il lui est si facile de dire que son approvisionnement est épuisé ! Et sa qualité de neutre ne met-elle pas obstacle au contrôle du demandeur évincé ?

Les neutres !… Il faut bien reconnaître, à la lumière des événements de la Grande Guerre, qu’il n’y a jamais eu de véritables neutres et qu’il n’y en aura jamais plus, sans doute. Et cela (sans parler des affinités naturelles, des sympathies sincères ou… achetées), en raison des enchevêtrements d’intérêts qui lient certaines nations les unes aux autres.

En définitive, le plus sûr, du point de vue militaire, sera longtemps encore, sinon toujours, d’avoir des dépôts de combustible liquide, dans ses propres colonies et points d’appui. À cet égard, la Grande-Bretagne est largement pourvue, on le sait. Nous avons, nous, à peu près ce qu’il nous faut. Les Américains sont nantis dans le Pacifique, mais pas dans l’Atlantique et dans la Méditerranée. Aussi nous annonçaient-ils, voilà quelques mois, qu’ils allaient constituer des stocks considérables, — sous le couvert d’un négociant, ou d’une de leurs firmes pétrolières, — chez des amis de tout repos, d’abord les Portugais (à Punta Delgado des Açores, position stratégique admirable), ensuite les Français (à Bizerte, position remarquable aussi, pour la Méditerranée). À la vérité, c’était à une époque où ils ne boudaient pas encore l’Europe, — cette incompréhensible et impérialiste Europe ! — comme ils semblent le faire aujourd’hui ; Mais cela passera…


« Pas de fumée, pas même de cheminée ! » s’écrie l’amiral Fisher quand il plaide la cause des navires munis de moteurs à combustion interne. Avantage énorme, en effet, en temps de guerre, aussi bien pour le paquebot ou le « cargo, » qui se dissimulera mieux aux vues de l’ennemi, que pour le navire militaire ; pour une force navale, surtout, en opérations offensives, et que décelaient, à 15 milles ses cheminées, à 40 milles quelquefois, le caractéristique nuage allongé au-dessus de l’horizon formé par ses fumées.

Il est certain qu’en ce qui touche seulement la tactique, ce qu’on appelle « la marche d’approche » sera singulièrement