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comment finit la guerre.

de Combles, qui formait leur limite, et cette position, couverte par des tranchées à contre-pente que l’artillerie ne pouvait atteindre que difficilement, tomba. Alors sir Douglas Haig lança en avant sa 6e armée Gough, maintenue dans l’attente depuis son échec du 1er  juillet ; elle emporta Thiepval le 26. Mais après ces deux beaux succès le mauvais temps ralentit de nouveau les opérations ; la pluie est un ennemi très redoutable dans un terrain crevé de trous d’obus qui se transforment en cuvettes et où toutes les voies de communication ont disparu. Pourtant les deux armées progressaient et dépassaient ensemble la route de Bapaume à Péronne au Nord de Bouchavesnes au milieu d’octobre ; les armées françaises resserraient le cercle autour de Péronne, pendant que les armées anglaises élargissaient leur terrain d’action vers le Nord dans la vallée de l’Ancre.

Le général Joffre proposait au général sir Douglas Haig de continuer l’action et de préparer par une pression continue une grande offensive pour le printemps de 1917. Mais le général en chef anglais estima que ses troupes avaient besoin d’un repos prolongé, afin de se reformer et de compléter l’instruction des renforts ; les troupes britanniques s’arrêtaient devant Bapaume et les troupes françaises devant Péronne.

Dans cette bataille, qu’ils appelaient the big push (la grande poussée), les Britanniques avaient fait le véritable apprentissage de la guerre. Le rapport officiel de sir Douglas Haig récapitule les résultats obtenus par la bataille de la Somme, qui sont : Verdun dégagé, l’offensive russe libérée par la fixation des divisions ennemies sur le front occidental, l’usure de 127 divisions allemandes, et il ajoute : « En ce qu’ils sont dus aux forces britanniques, ils furent atteints par des troupes dont la très grande majorité avait été levée et instruite pendant la guerre. Beaucoup d’entre elles, et surtout les relèves, comptaient par mois leur temps de service et eurent sur la Somme leur première leçon de la guerre. Nous étions contraints d’employer hâtivement des officiers et des soldats inexpérimentés, ou de retarder l’offensive jusqu’à leur complète instruction. Que de telles troupes aient tant fait, et contre une armée et une nation dont le principal souci était depuis tant d’années la préparation à la guerre, c’est un exploit sans précédent dans aucune histoire. »