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coté9 300 francs. Les actions de l’Union Foncière sont passées d’une demi-livre à 6 livres et demi !

Personne n’a été oublié par cette pluie d’or, mais c’est le fellah qui en a le plus profité, puisque c’est à lui qu’on la doit. Le sol est la source de cet enrichissement : il en est résulté un mouvement de plus-value considérable, le fellah ayant pour habitude de placer ses économies en terres. À la fin de l’année 1920, l’augmentation de la valeur du feddah par rapport à la période d’avant-guerre variait de 50 à 100 p. 100. Mais le mouvement de la hausse ne s’est pas arrêté là, il ne cesse de s’accentuer tous les jours.

Nous connaissons maintenant le secret du trésor des Pharaons. Convoité quarante siècles avant Jésus-Christ par la dynastie de Menés, puis par les empereurs thébains par les Pasteurs, par les rois persans, par les Ptolémées, par les Romains, par les Arabes, par les Turcs, ce trésor échut, durant quelques années, dans l’héritage de la France. Pendant tout le siècle dernier, nous avons exercé en Égypte une influence prépondérante. Associés à l’administration indigène, nos compatriotes y ont prodigué toutes les ressources de leur intelligence et toute la force de leurs capitaux. Nous avons aujourd’hui cédé nos titres à nos alliés britanniques, qui recueillent cette succession au moment où l’Égypte entre dans la période la plus riche de son histoire. Tout au moins pouvons-nous former des vœux pour que la France ne cesse d’apporter sa précieuse collaboration dans l’œuvre de développement de cette province si pénétrée de notre civilisation latine, et nous sommes convaincus que nos amis anglais, reconnaissants de ce que nous y avons fait, n’oublieront point que nous avons des droits d’inventeurs sur le trésor des Pharaons.


RENE LA BRUYERE.