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LITTÉRATURES ÉTRANGÈRES

VILLARI ET L’ « IDÉE ITALIENNE »

Il y aura bientôt trois ans que Pasquale Villari est mort, le 7 décembre 1917, dans sa petite maison de Florence, entre les bras de son fils, le lieutenant Villari, à l’heure la plus trouble et la plus sombre de la guerre. Il serait bien tard aujourd’hui pour rappeler sa mémoire, si un petit livre de M. Giovanni Bonacci[1], en nous donnant un choix excellent de son œuvre, ne nous fournissait l’occasion de revenir sur une mort trop vite emportée dans le torrent de ces rapides années.

Ce n’est pas que ce livre nous apprenne rien de bien nouveau sur l’illustre historien de Savonarole et de Machiavel. Le nom de Villari était européen. Ses livres, traduits dans toutes les langues et non moins lus en Angleterre ou en Allemagne qu’en Italie, avaient le privilège de joindre à l’érudition et à une critique irréprochable le don suprême de la vie. Ils étaient, à côté des ouvrages de Symonds et de Burckhardt, dans la bibliothèque de toute personne lettrée. Leurs cinq volumes formaient un monument unique, une encyclopédie de la Renaissance italienne, que je ne puis guère comparer, dans notre littérature, qu’au Port-Royal de Sainte-Beuve pour l’histoire de notre XVIIe siècle. Encore Sainte-Beuve s’en tient-il à l’histoire morale et littéraire, et s’est-il abstenu de faire entrer dans son cadre l’histoire politique, économique ou artistique.

  1. L’Italia e la Civiltà, 1 vol. in-18. Milan, Hoepli édit. 1918.